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analyses. — volkmann. Manuel de Psychologie.

psychologiques, depuis l’Inde et la Chine jusqu’aux travaux les plus récents de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la France et de l’Italie, sont mises à contribution. Une disposition heureuse, extrêmement simple, que l’auteur me paraît avoir empruntée aux physiologistes de son pays et qu’il serait désirable de voir introduire chez nous, empêche toute confusion et contribue à mettre beaucoup d’ordre dans ce long travail. Elle consiste à exposer dogmatiquement chaque question sous le titre qui lui est propre et à faire suivre chacun de ces chapitres d’une exposition historique (imprimée en petit texte) qui fournit au lecteur les renseignements les plus précis. On trouve ainsi deux expositions, l’une dogmatique, l’autre historique, qui s’accompagnent constamment, sans jamais se mêler.

Le but de l’auteur est de constituer une psychologie réaliste qui, par ses traits principaux et son caractère général, se rattache à l’école de Herbart. Mais, tout en acceptant pour base le système de psychologie mathématique dont nous avons parlé précédemment (Revue philosophique du 1erjuin 1876), M. de Volkmar est loin de le reproduire servilement. Il a élargi singulièrement le cadre de son maître : il s’est assimilé les divers travaux pubUés depuis l’époque de celui-ci, et dans son exposé des diverses questions psychologiques, il en a largement profité.

Le plan de son Manuel de psychologie est clair, méthodique, bien, ordonné, et se saisit à première vue.

Après un préambule sur la psychologie, son but et sa méthode, il examine « le concept d’âme et de représentation ». On sait, en effet, que le caractère propre de la psychologie herbartienne est de s’appuyer sur la métaphysique et de considérer la représentation (Vorstellung) comme le fait de conscience primitif, unique, qui explique tous les autres. — Ces considérations, avec des études sur la conscience, la vie, les tempéraments, etc., constituent une sorte de psychologie générale.

En passant aux détails, nous trouvons d’abord l’étude sur les sensations qui est substantielle, nourrie de faits, et bien au courant des connaissances fournies par la physiologie moderne. À cette étude, l’auteur a joint celle des mouvements (réflexes, instinctifs etc.), et nous l’approuvons fort d’avoir compris sous ce titre l’origine du langage : question qui dans les livres de psychologie est mise ordinairement à une tout autre place.

Les chapitres suivants consacrés à l’action réciproque des représentations (Wechselwirkung der Vorstellungen) et à leur reproduction (mémoire, imagination) constituent la partie vraiment herbartienne de l’ouvrage. Nous y retrouvons la lutte entre les représentations, leur arrêt réciproque, le calcul de cet arrêt, etc.

L’espace et le temps font le sujet d’une section spéciale qui nous a paru l’une des meilleures de l’ouvrage. Ces difficiles questions sont traitées avec ampleur et clarté, ainsi que le problème de la localisation des sensations dans le corps et de leur projection au dehors. On trouve