latente des idées et leurs modes automatiques d’association, et leur reviviscence. Tous ces résidus qui en constituant la mémoire, forment la base de notre vie mentale, échappent aux moyens d’observation du philosophe spéculatif.
5° Notons encore l’influence exercée par tous les organes du corps sur le cerveau, qui est si frappante dans les cas morbides et sur lesquels une psychologie subjective ne peut nous éclairer.
En répudiant la méthode d’observation intérieure, M. Maudsley déclare rejeter également toute transaction entre elle et la méthode physiologique, « parce que c’est là une union contre nature qui ne peut aboutir qu’à des avortements ou à des productions de monstres, tout comme l’union impie d’Ixion avec Junon qui se réduisit à embrasser des nuages et à engendrer des Centaures. Ce n’est pas la lecture rapide de quelques textes de psychologie, ni la connaissance superficielle des fonctions du système nerveux qui donnera quelque sens au langage vague et abstrait de la psychologie : ce serait simplement soumettre la physiologie au supplice imaginé par Mézence qui accouplait les vivants avec les morts. Non, il faut une connaissance complète et approfondie de tout le domaine de l’organisation. Entre la moderne physiologie et l’ancienne psychologie, il ne s’agit pas d’une méthode éclectique qui approprierait à la seconde les découvertes de la première, mais il s’agit d’un changement fondamental dans la méthode (p. 42-43).
Cette méthode objective, telle qu’elle est comprise par l’auteur, consiste à étudier :
1° Le plan de développement de l’esprit : l’animal, le sauvage, l’enfant fournissent à cet égard des données de la plus haute valeur, indispensables à la construction d’une vraie science mentale.
2° Les dégénérescences de l’esprit (folie, idiotie, etc.). Un autre champ de recherche singulièrement négligé, c’est l’étude des criminels, « Un temps viendra où les prisons serviront à l’étude clinique des variétés de la nature criminelle, tout comme maintenant les asiles d’aliénés servent à l’étude clinique des maladies mentales, les hôpitaux à l’étude clinique des maladies du corps. Il est douteux que la moitié des livres écrits sur la morale vaille un seul bon livre, écrit par un investigateur pénétrant, qui se bornerait à l’étude scientifique des détenus d’une seule prison[1]. »
3° Les biographies et enfin l’histoire.
Il faut bien noter cependant que M. Maudsley, tout en préconisant exclusivement la méthode objective, ne tombe pas dans un travers commun à tous ceux qui procèdent comme lui. Il a très-bien compris et très-bien montré que l’observation intérieure est le commencement nécessaire de toute psychologie, c Je n’en nie pas la valeur ; car, quand
- ↑ Voir aussi page 61. « Je n’ai pas le désir absurde de rejeter entièrement l’observation intérieure : je désire seulement la voir dépossédée de cette place exclusive qu’elle a usurpée dans la science mentale. »
