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M. Berti commence par nous donner des informations sur le volume des Archives secrètes du Vatican portant le numéro 1182 et contenant les pièces authentiques des procès de Galilée. Transporté à Paris durant l’occupation française de Rome sous Napoléon Ier, ce volume fut restitué au Pape sous Louis-Philippe. M. Berti a pu en prendre connaissance en 1870, avec l’autorisation et le concours du préfet même des susdites Archives, le révérend père Theiner, et en tirer les preuves irrécusables, sur lesquelles on devra désormais s’appuyer pour résoudre les controverses soulevées par les faits auxquels il se rapporte.

En élaguant les nombreuses questions de détail et d’importance diverse auxquelles le travail de M. Berti répond d’une manière complète, après tant d’efforts employés par les historiens et les érudits à l’éclaircissement de cette page célèbre des annales de l’esprit humain, il nous semble pouvoir dire que les points les plus graves des controverses soulevées par les procès de Galilée, avant cette publication, étaient au nombre de deux, et que l’auteur nous a fourni sur l’un et sur l’autre tous les renseignements qu’il était possible d’obtenir. L’un était de savoir si Galilée avait été réellement condamné pour son adhésion au système de Copernic, ou, suivant la prétention de récents écrivains ecclésiastiques, pour s’être maladroitement mêlé de théologie, en invoquant l’Écriture sainte au secours de ses idées ; l’autre était de décider si Galilée avait été, oui ou non, soumis à la torture.

Le livre de M. Berti détruit tous les doutes possibles sur le premier point. C’est bien la science, c’est bien la découverte du vrai système du monde, quoi que en disent les Marini et autres apologistes du Vatican, qu’on a entendu condamner dans les procès de Galilée, et non la conduite d’un savant qui aurait eu le tort de méconnaître la distinction de la science humaine et de la théologie. Quant au second point, on remarquera qu’il contient deux questions. D’abord est-il prouvé qu’on a prescrit de soumettre Galilée à la torture, qu’on a donné l’ordre de la lui appliquer ? Ensuite est-il constaté qu’il l’a subie ? À la première l’auteur répond, pièces en main, affirmativement, et sa réponse est, à notre avis, définitive ; quant à la seconde, c’est une réponse négative qui, suivant l’auteur, ressort de l’inspection des documents et de la confrontation des papiers officiels ; pour nous, au contraire, c’est un doute. On verra plus loin ses raisons et nos réserves.

Suivons pour le moment, d’une manière rapide, la marche des deux procès. Notons d’abord qu’ils dépendent l’un de l’autre, ainsi que leurs résultats et leurs causes. Le premier, celui de l’année 1616,