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LA PHILOSOPHIE



DE M. G. H. LEWES


M. Lewes s’est conquis une place à part au milieu des penseurs éminents de l’Angleterre contemporaine. Littérateur distingué, auteur d’une vie de Gœthe qui passe pour la meilleure, même en Allemagne, d’une Histoire de la philosophie, très-estimée des Anglais, d’une forte étude sur Aristote, de travaux, assez importants en physiologie expérimentale, M. Lewes, on le voit, a déployé une rare activité d’esprit dans les directions les plus diverses. Deux gros volumes, publiés par lui en 1874, ne forment que la première série d’un ouvrage qui, sous le titre de Problèmes de la vie et de l’esprit, nous promet une discussion approfondie et des solutions originales des principales questions dont philosophes et savants se préoccupent le plus aujourd’hui. •— M. Lewes se recommande en outre par des qualités de style toutes françaises : clarté, précision, vivacité, familiarité spirituelle et incisive ; aussi sommes-nous surpris qu’il soit encore peu connu parmi nous. L’exposition de M. Ribot dans sa Psychologie anglaise contemporaine ; le substantiel article de M. L. Dumont dans la Revue scientifique[1], voilà, croyons-nous, les seules études qui, en France, lui aient été jusqu’ici consacrées, et aucune de ses œuvres n’a été traduite. — Nous nous proposons ici, non pas de présenter une analyse complète des Problèmes de la vie et de l’esprit, mais de signaler, en les discutant rapidement, les doctrines qui, dans cet ouvrage, nous semblent mériter une particulière attention par leur importance ou leur nouveauté.

I. — Le positivisme et la métaphysique.

M. Lewes fut pendant longtemps un disciple fidèle d’A. Comte : comme tel, il rejetait du domaine de la science les problèmes meta-

  1. Voyez le numéro du 7 mai 1875.