Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
revue philosophique

van, Atharvan renseigna d’abord à Angir (ou Angiras) ; celui-ci l’enseigna à Bhâradvâja Satyavâha, et Bhâradvâja enseigna (cette science) supérieure et inférieure (c’est-à-dire, qui embrasse tout) à Angirasa.

« Çaunaka, le grand chef de maison, s’étant approché d’Angirasa selon les règles (prescrites aux disciples à l’égard des précepteurs), lui fit cette question : « Quel est celui, ô vénérable, par la notion duquel tout cet univers est connu[1] ? »

Mais la science de Brahma, telle qu’on la comprenait à l’époque où ces dernières Upanishads ont été rédigées, n’était plus de nature, en raison même du caractère surnaturel et révélé qu’on était enclin de plus en plus à lui attribuer, à trouver des adeptes persuadés à l’aide des seules lumières de la raison ou confiants dans les leçons des anciens sages, comme cela pouvait avoir eu lieu à une période antérieure. Il fallait surtout, maintenant, pour que cette science devînt réelle et efficace, pour qu’elle produisit la métamorphose psychologique qui en est simultanément la condition et le résultat et dont nous aurons à nous occuper plus tard, le concours des forces mystiques et spontanées qui tiennent de l’intuition et de la foi religieuse. C’est ce qu’indiquent les textes suivants que nous emprunterons encore aux mêmes Upanishads.

Katha-Up. 1. 2, 23. — « Cette âme universelle ne peut être perçue ni par l’audition des leçons du maître, ni par la mémoire, ni à l’aide d’une grande science. C’est par elle-même — elle, l’objet désiré — que l’âme universelle peut être perçue. L’âme (de celui qui la désire ainsi) reconnaît alors sa propre essence[2].

2. 3, 9. — « Sa forme ne tombe pas sous le regard, nul ne le voit (Brahma ou l’âme universelle) par les yeux ; c’est par le cœur, par la réflexion, par la pensée (de celui qui se porte vers lui) qu’il devient perceptible[3]. »

2. 3, 12 et 13. — « Ce n’est pas par la parole, la pensée ou la vue qu’on peut l’obtenir. Comment le concevoir autrement qu’en disant, « il est ? »

« On peut le concevoir en disant, « il est » et en formant une vraie

  1. Brahmâ devânàm prathamah sambabhûva viçvasya kartà bhuvanasya goptâ, sa brahmavidyàm sarvavidyâpratishthâm atharvàya jyeshthaputràya prâha. Atharvane yàm pravadeta brahmâtharvà tâm purovâcângire brahmavidyàm, sa bhàradvàjâya satyavâhâya pràha bhàradvâjo’ nigirase paràvarâm. Çaunako ha vai mahâçâlo’ ngirasam vidhivad upasannah papraccha, kasmin nu bhagavo vijñàte sarvam idam vijnâtam bhavatîti.
  2. Nâyam âtmâ pravacanena labhyo na medhayâ na bahunâ çrutena, yam svaisha vrnute tena, labhyas tasyaisha âtmâ vrnute tanûm svâm.
  3. Na samdrçe tishthati rûpam asya na cakshushà paçyati kaç canainam, hrdâ manîshà manasâbhikliptah.