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l’un goûte l’autre, l’un parle à l’autre, l’un entend l’autre, l’un pense l’autre, l’un touche l’autre, l’un connaît l’autre ; mais là où tout est l’âme universelle, comment voir quelqu’un (ou quelque chose), comment sentir quelqu’un, comment goûter quelque chose, comment parler à quelqu’un, comment entendre quelqu’un, comment penser quelqu’un, comment toucher quelqu’un, comment connaître quelqu’un ? Comment connaître celui par lequel on connaît cet univers[1] ? »

Voici un autre raisonnement fort original, sinon fort juste, tiré de la Chândogya-Upanishad (7, 8, 1).

« La force est supérieure à l’intelligence. Est-ce qu’un seul être doué de force n’en fait pas trembler cent doués d’intelligence ? Quand on est fort on se tient debout, quand on se tient debout on sert (un maître etc.), quand on sert on s’approche (d’un maître spirituel), quand on s’approche d’un maître spirituel on voit, on entend, on pense, on connaît, on agit, on comprend (par l’effet de ses enseignements). C’est par la force que la terre existe, c’est par la force que l’atmosphère existe, c’est par la force que le ciel (la voûte éthérée) existe, c’est par la force que les montagnes existent, c’est par la force que les dieux et les hommes existent, c’est par la force que le bétail, les oiseaux, les plantes et les arbres, les animaux sauvages jusqu’aux vers, aux papillons et aux fourmis existent, c’est par la force que le monde existe. Il faut adorer la force[2]. »

La Chàndogya-Upanishad, à laquelle nous venons de faire cet emprunt et qui présente à tous égards une très-grande ressemblance avec la Brih. Âr. Up., contient pourtant quelques particularités, quant à la manière d’autoriser ses doctrines, qu’il importe de signaler.

Dans deux chapitres différents (3. 11, 4 et 8. 15) dont l’un termine l’ouvrage, nous trouvons la formule suivante qui paraît correspondre aux listes de maîtres de la Brihad-Aranyaka-Up.

  1. Yatra hi dvaitam iva bhavati taditara itaram paçyati taditara itaram jighrati taditara itaram rasayate taditara itaram abhivadati taditara itaram çrnoti taditara itaram manute taditara itaram sprçati taditara itaram vijânâti yatra tv asya sarvam âtmaivâbhût tat kena kam paçyet tat kena kam jighret tat kena kam rasayet tat kena kam abhivadet tat kena kam çrnuyât tat kena kam manvîta tat kena kam sprçet tat kena kam vijànîyâd yenedam sarvam vijânâti tat kena vijânîyât.
  2. Balam vâva vijñânâd bhûyo’ pi ha çatam vijñânavatâm eko balavân kampayate sa yadâ balî bhavaty athotthâtâ bhavaty uttishthan paricaritâ bhavati paricarann upasattâ bhavaty upasîdan drashtà bhavati çrotâ bhavati mantâ bhavati boddhâ bhavati kartâ bhavati vijñâtâ bhavati balena vai prthivî tishthati balenàntariksham balena dyaur balena parvatâ balena devamanushyâ balena paçavaç ca vayâmsi ca trnavanaspatayah çvâpadâny â kîtapatangapipîlakam balena lokas tishthati balam upâsveti.