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physique de l’Épistémologie, nous trouvons la solution de trois questions importantes :

Qu’est-ce que la connaissance ?

C’est la perception (appréhension) de soi-même en même temps que l’on perçoit une chose quelconque.

Qu’est-ce qui est connu ?

L’objet, le sujet, les choses ou les pensées mecum, voilà tout ce qui est connu et connaissable pour toute intelligence.

Qu’est-ce qui est absolument inconnu et inconnaissable ?

L’objet, sans le sujet ; le sujet, sans l’objet.

III


La seconde et la troisième partie des Institutions de métaphysique sont moins considérables que la première. On sait déjà quel est leur objet.

M. Ferrier, dans une lettre à M. de Quincey, publiée à la fin de la troisième édition de son ouvrage, s’applaudit de la nouveauté qu’il a introduite dans la science en traitant séparément de la véritable ignorance : « Il y a deux sortes d’ignorances, dit-il ; mais l’une d’elles seulement est l’ignorance proprement dite. Il y a d’abord une ignorance qui se rencontre dans certains esprits comparés à d’autres esprits, mais qui ne se rencontre pas nécessairement dans tous les esprits. Cette ignorance est un défaut, une imperfection. Un Hottentot ignore la géométrie ; un Français la connaît. Ce genre d’ignorance est une ignorance. Mais, en second lieu, il y a une ignorance qui se rencontre nécessairement dans tout esprit en vertu de sa propre nature, et qui n’est pas un défaut, ou une imperfection, ou une limitation, mais plutôt une perfection. Par exemple, il est impossible à tout esprit de savoir que deux lignes droites enveloppent un espace, ou de connaître comme vraies les propositions opposées aux axiomes de la géométrie : dirons-nous dans ces cas-là que nous sommes ignorants ? ce serait absurde. Personne ne peut ignorer que deux et deux font cinq ; car c’est une proposition qu’aucun esprit ne peut connaître. Nous déterminons ainsi la loi de l’ignorance, qui se formule en ces termes : « Nous ne pouvons ignorer que ce qui peut être connu, » ou en langage barbare : « Le connaissable seul est l’ignorable (the Knowable alone is the Ignorable). »

« La théorie de l’ignorance, ajoute-t-il, est ce qui mérite le plus d’attention, sinon en elle-même, du moins dans ses conséquences.