Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
revue philosophique

est naturel, quand on étudie la question de l’espace, qu’on demande aux mathématiques certaines lumières. Cette précaution est d’autant plus nécessaire que l’étude des principes de la géométrie, qui touche de si près la question de l’espace, a fourni dans ces derniers temps la matière de travaux extrêmement importants. Je citerai entre autres : Des méthodes dans les sciences de raisonnement, par M. Duhamel. Paris, 1866. (Voir surtout, 2me partie. Science de l’étendue, chap. Ier.) Études géométriques sur la théorie des parallèles par Lobatschewsky, trad. par J. Hoüel, Paris, 1866 ; Essai critique sur les principes fondamentaux de la géométrie élémentaire, par J. Hoüel, Paris, 1867. Sans oublier des ouvrages un peu plus anciens, mais non moins remarquables, tels que l'Exposition scientifique des principes de la géométrie, précédée d’une discussion sur le fondement et la certitude des propositions premières de cette science, par le Dr Ueberweg. Annales pédagogiques. Vol. xvii, 1851 ; les Prolégomènes philosophiques de la géométrie, par M. J. Delbœuf, Liège, 1860 ; et je n’ai pas la prétention de faire une revue complète. Tous ces ouvrages abordent des questions variées, intéressantes et qui méritent d’être examinées. M. Luguet semble avoir étudié ces travaux sans avoir trouvé de quoi se satisfaire. C’est du moins ce que je conjecture, d’après la lecture de trois pages extrêmement condensées (p. 95-97) que je ne suis pas sûr d’avoir bien comprises.

Je ne saurais discuter en quelques lignes la conclusion de M. Luguet. M. Luguet a cru devoir rompre avec la tradition philosophique qui a toujours uni l’étude métaphysique de l’espace à celle du temps. C’est à tort, à mon avis. Je crois qu’on s’embarrasse par là dans des difficultés presque inextricables, mais ceci n’est qu’une opinion personnelle qui serait à discuter.

Je ne veux pas finir sans répéter que le travail de M. Luguet est l’œuvre d’un vaillant esprit, aux efforts duquel tous les vrais amis de la philosophie ne manqueront pas d’applaudir.

T. V. Charpentier.

Paoli (Alessandro) : Il concetto etico di Socrate. Firenze, 1876.

Socrate est plutôt l’occasion que l’objet de ce travail. L’auteur parait s’être proposé surtout d’exposer ses propres vues sur la naissance et la nature des idées morales, sur les rapports de la morale et de la religion et sur plusieurs autres questions de la plus haute généralité. Quant à Socrate il n’apparaît que vers le dernier tiers de l’opuscule pour être comparé à Galilée ; on démêle au milieu de ces excursions hardies à travers l’histoire des idées, que l’intention de M. Paoli est de protester contre les métaphysiciens qui ont tiré à eux les conceptions socratiques et les ont ainsi dénaturées. Socrate a été un