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LE MAÎTRE D’ÉCOLE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

Inférieure. À Saint-Riquier-en-Rivière, le maître devait porter l’eau bénite dans toute la paroisse le samedi saint et la veille de la Pentecôte seulement. À Roncherolles-sur-le-Vivier, c’était lui qui partageait le pain bénit aux assistants pendant la messe, et il est probable que son couvert était mis chez le paroissien qui l’offrait. La pàque venue, il allait recueillir les œufs traditionnels, distribuant en échange le pain bénit de la semaine peneuse. Toutefois, en maintes paroisses, le produit de la quête était revendu le dimanche suivant, à l’issue de l’office, au profit du trésor paroissial[1], et M. le clerc devait se contenter de ce que les ménagères voulaient bien lui donner en surplus.

La plupart de ces traditions se sont maintenues dans nos campagnes au profit des employés de l’église. Au « maître d’école » et non au sacristain revenaient certaines redevances fixes en nature, si importantes parfois qu’elles tenaient lieu de traitement communal et de droit d’écolage. Dans les pays vignobles, le magister faisait, à l’époque des vendanges, la quête dite de la Saint-Vincent ; il visitait à plusieurs reprises les pressoirs du village et recevait du vigneron une mesure de vin tirée de la cuve, et non de la boisson. En quelques endroits de Champagne, le vigneron pouvait à son choix lui payer 12 sols ou lui verser un seau de vin. Dans la paroisse de Savigny-sous-Beaune, en 1787, cette rétribution était estimée valoir 800 l. ; jointe à la jouissance gratuite de sa maison et aux mois des écoliers, elle représentait une somme bien supérieure au revenu actuel des instituteurs. Dans l’Yonne, où la même coutume avait cours, chaque laboureur donnait en outre une gerbe de blé. À Marcigny-sous-Thil, en 1776, le laboureur lui versait un boisseau comble de blé, et chaque manœuvre un boisseau raclé. À Montigny, en 1757, le manouvrier payait en seigle et non en froment. Aujourd’hui encore, en Gascogne, l’usage s’est conservé de donner chaque année au régent deux mesures de blé par ferme : une mesure est fournie par le propriétaire, l’autre par le métayer[2].

  1. Beuzeville-la-Grenier, 1606, — Reçu du magister pour les œufs de Notre Dame, 27 s. 6 d. (Archives de la Seine-Inférieure, p. 8018).
  2. Ces redevances ne pouvaient être strictement obligatoires, et beaucoup d’habitants s’en dispensaient. « Tant que les maires, dit un curé de Lor-