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allait tomber sur la paroisse, attendu que l’on ne doit point sonner quand le tonnerre est proche[1] ». Cette coutume dangereuse se maintint longtemps encore, et il fallut l’intervention éclairée des intendants pour y mettre fin. Le 20 avril 1786, l’intendant de Champagne sanctionne un traité du maître d’école de Vaudron (Aube) à condition qu’il serait déroge à la clause « par laquelle le suppliant est chargé de sonner les cloches en volée dans le temps des nuées, attendu les dangers reconnus qu’il y aurait de sonner en pareilles circonstances ».

Quêtes et rentes diverses. — À diverses époques de l’année, le maître d’école avait le droit, reconnu par l’usage, de se rendre de maison en maison pour faire une quête à son profit. C’est ainsi qu’en Bourgogne, après l’office dominical, il partait portant d’une main le bénitier et le goupillon, de l’autre un panier, le bénitier pour asperger ceux qu’il rencontrait dans chaque ménage, et bénir les lits et l’âtre du foyer, le panier pour recueillir les morceaux de pain qu’il revendait au profit de l’église ou dont il nourrissait sa famille[2]. Dans la Côte-d’Or, cette redevance en nature était remplacée par un droit variant de 5 à 10 sous par ménage[3]. Cette pratique, que M. Gobert, ancien instituteur à Vervins, a observée dans l’Aisne, existait aussi dans la Seine--

  1. Guerbigny (Somme), 1782 (Dictionnaire de pédagogie, t.1, p. 2374). Cette pratique de sonner en temps d’orage tient à ce préjugé populaire que les cloches seraient odieuses au diable. Dans le rituel catholique de la bénédiction des cloches, il est formellement fait allusion au pouvoir attribue aux sonneries d’éloigner la foudre. De là ces deux vers que l’on moule souvent sur les cloches d’églises :

    Laudo Deum verum, plebem vorn, congrego clerum,
    Defuurtos ploro, fuzo fulmina, festa decoro.

    Cependant, dès le xviiie siècle, des accidents répétés avaient démontré combien imprudente était cette pratique. (V. Histoire de l’Académie pour 1719, t. IV, p. 395 ; l’abbé Pluche, Spectacle de la nature, t. V : Sigaud de la Fond, Dictionnaire de physique, 1781.) — D’après Lorain, l’usage existait encore en 1833 dans les pays vignobles ; cet auteur cite plusieurs communes du Doubs et de Seine-et-Oise où le maitre était gagé spécialement pour sonner en temps d’orayce.

  2. Babeau, ouvrage cité, p. 53.
  3. Flagey, 22 avril 1784 : 5 sous par habitant pour porter l’eau bénite chaque dimanche dans chaque maison. — Chambolle, 1792. On supprime le droit de 10 8. pur habitant que recevait le maitre « pour jeter l’eau bénite ». (Charmasse, p. 59 et 157.)