Le premier article de cette mème revue, fort intéressant et documenté (Moral and Religious Instruction in France), rend à notre pédagogie un hommage plus inattendu. Mr. Ch. Bracq, de Vassar College, État de New York, affirme que l’éducation morale est loin d’être négligée dans nos écoles, comme on l’a trop donné à entendre. Et d’abord, le meilleur mode d’enseignement, l’exemple, est, en général, au-dessus de toute critique. Le niveau moral des instituteurs français est, en effet, très élevé, parce que ces maîtres ne considèrent pas leur métier comme un expédient temporaire, mais comme la mission de toute une vie (teaching is not for them a temporary makeshift but a life). Comme preuve de leur esprit altruiste, M. Bracq rappelle que 3 500 d’entre eux, au moins, ont, durant plusieurs hivers, organisé pour les adultes et mené à bien les cours du soir, si pénibles, et cela sans rémunération. L’enseignement de la morale, tel qu’il se constitue peu à peu dans nos écoles, donne à l’auteur de l’article les plus grandes espérances. Il ne doute pas que cette éducation nouvelle ne devienne, avant longtemps, une direction excellente pour les énergies qui tendent à orienter la France vers le mieux (the energies which make for the better life of France).
Suisse romande
L’Éducateur, 5, 12 et 19 avril 1902, — La question de l’orthographe. — Dans une série de trois articles signés L. Jayet, on nous fait connaître les résullats de très curicuses expériences qui ont été entreprises par M. Lay, professeur à l’école normale de Carlsruhe, dans le but de découvrir les meilleurs moyens d’enseigner l’orthographe, et que lui-même a décrites dans un livre intitulé : Führer durch den Rechtschreibunterricht.
M. Lay a pris pour point de départ et pour base de ses recherches la théorie physiologique de la représentation, qui peut être ainsi résumée :
1° Tout objet soumis aux sens dépose dans différentes parties du cerveau des images ou idées partielles (correspondant aux divers sens affectés : sensations visuelles, olfactives, tactiles, etc.) ;
2° Ces idées partielles sont liées entre elles par les fibres d’association ;
3° Grâce à l’association, une idée partielle peut éveiller les autres ;
4° L’ensemble des idées partielles associées forme la représentation ou idée composée.
Les idées ainsi formées sont indépendantes des mots ; ce sont les idées significatives ; les animaux les possèdent sans doute aussi.