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croire, à ce que les mathématiciens n’ont pas encore osé concevoir la richesse sociale ou la valeur comme une grandeur du même genre que l’étendue, la pesanteur ou la vitesse, c’est-à-dire comme une grandeur appréciable. J’ose espérer que leurs scrupules ne seront pas éternels, et que la justesse des principes que j’ai cherché à développer finira par frapper les yeux d’une classe de savans si sage et si habile. Mais la fonction des métaux précieux ne sa borne pas à présenter cette valeur modèle, ou cette valeur générale et invariable qui sert à mesurer la richesse sociale, ou à comparer entre elles toutes les valeurs. L’or et l’argent sont encore la monnaie naturelle ou l’instrument nécessaire du commerce : ils servent, d’intermédiaire indispensable au plus grand nombre des échanges qui se consomment dans la société. Cette nouvelle fonction, toute différente de la première, est encore une suite naturelle des propriétés que nous avons reconnues dans les métaux précieux, et qui les caractérisent exclusivement. Elle se fonde sur ce que l’or et l’argent sont la plus commode des possessions. J’ai déjà dit que mon intention n’était pas d’étudier ici les métaux précieux sous ce nouveau point de vue ; mais je suis loin de contester son importance, et je me propose d’en faire l’objet d’une nouvelle dissertation. À chaque jour son œuvre.

Auguste Walras.