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du pôle à l’équateur. On peut changer le nom de gramme, mais il n’est pas au pouvoir des hommes de changer la quantité pesante de ce qu’on entend actuellement par gramme ; et quiconque s’engagerait à payer, à une époque future, une quantité d’argent égale à cent grammes d’argent, ne pourrait, quelque opération arbitraire qui intervint, payer moins d’argent sans violer sa promesse d’une manière évidente[1]. »

Puisque nous en sommes sur le système métrique, je me permettrai encore une observation que je crois exacte, et que je soumets au jugement des mathématiciens, et principalement à celui des auteurs de nos traités d’arithmétique. Appelés par exposition du système métrique décimal à parler du franc, ces estimables écrivains le désignent toujours sous le nom d’unité monétaire. Cette qualification est éminemment impropre, et demande à être corrigée. La monnaie, comme nous l’avons vu plus haut, est une marchandise, une espèce particulière de marchandise, qui joue un rôle très important en économie politique, puisqu’elle sert d’intermédiaire à un très grand nombre d’échanges, et qu’elle favorise singulièrement les transactions commerciales. D’un autre côté, l’or et l’argent sont la monnaie naturelle, sans contredit. Les métaux précieux servent à mesurer la valeur, et de plus ils servent à faciliter les échanges. Ces deux rôles sont différens, et reposent, l’un et l’autre, sur des propriétés diverses des métaux précieux ; il ne faut donc pas, les confondre. La monnaie, disons-nous, est une mar-

  1. Traité d’Économie politique, 5e édition, t. II, p.110