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fiant son brillant, des meubles, du linge, des vêtemens, des livres, pour 10,000 francs ; et si celui qui possède ces derniers objets, vient à contracter la fantaisie d’avoir un brillant de 10,000 francs, il faudra, de toute nécessité, qu’il consente à faire le sacrifice de son mobilier, de son linge, de ses livres, etc., dont on n’appréciera plus l’utilité, mais la valeur.

On voit par cet exemple que l’économie politique, autrement dit la théorie de la richesse sociale, fait complètement abstraction de l’utilité, et qu’elle s’occupe exclusivement de la valeur échangeable. Quelle que soit l’utilité que nous possédions au point de vue de la sensibilité physique ou morale, et du besoin qui en résulte, que cette utilité soit pour nous une chose nécessaire ou agréable, très commode ou très superflue, ce qui nous importe, au point de vue de l’économie politique, c’est la valeur qui réside dans cette utilité. Deux valeurs égales constituent toujours une richesse égale, n’importe la nature et l’espèce des utilités aux quelles elles sont attachées. Or, puisque la valeur des métaux précieux est la même, ou à très peu de chose près la même dans tout l’univers, à la même époque, il s’ensuit rigoureusement qu’un habitant de Paris et un habitant de New-Yorck, un habitant de Lisbonne et un habitant de Berlin, qui possèdent chacun 10,000 livres d’argent ou 10,000 onces d’or, sont aussi riches l’un que l’autre, et ne sauraient se distinguer l’un de l’autre, au point de vue de l’économie politique.

Si nos observations sont justes, et nous les croyons inattaquables, elles auront pour résultat de nous prémunir contre les conclusions trop rigoureuses de