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richesse sociale qui, comme M. Say n’en disconvient point, consiste tout entière dans la valeur.

Il arrive dans le cas cité par M. Say, pour le propriétaire bas-breton et pour le propriétaire parisien, la même chose qui arrive, au sein de Paris, pour deux personnes qui résident l’une et l’autre dans cette ville. Deux Parisiens qui possèdent chacun 10,000 fr. sont également riches, relativement parlant ; ils possèdent la même valeur. Mais leur richesse absolue peut être fort inégale si l’on s’attache à considérer l’utilité qui réside sous cette valeur. Et, en effet, supposons que la première personne possède 10,000 fr. en meubles, en ustensiles de ménage, en linge, en vêtemens, en livres, etc. ; tandis que la seconde possède un brillant de 10,000 fr. Assurément personne ne doute que la première personne ne soit, absolument parlant, plus riche que la seconde. Quelle comparaison pourrait-on établir entre le vain plaisir de porter un diamant à son doigt ou à sa chemise, et les jouissances qu’on se procure par l’usage d’un mobilier commode, de vêtemens propres, de livres instructifs, etc. ? Mais sous le point de vue relatif, sous le rapport de la richesse sociale et de l’économie politique qui en fait son objet, les deux individus que nous considérons ici sont également riches, puisqu’ils possèdent tous les deux la même valeur. Et la preuve de notre assertion résulte évidemment et invinciblement de ce que ces deux valeurs peuvent s’échanger, et s’échangent réellement et journellement l’une contre l’autre ; car si celui qui possède un brillant de 10,000 francs consent à se priver de cette jouissance frivole, il peut se procurer, en sacri-