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qu’il possède sont plus utiles, ou s’il peut les troquer contre une plus grande masse d’utilité. Voilà toute la différence qui existe et qui puisse exister dans la position de ces deux individus ; au point de vue de l’économie politique, ils sont parfaitement égaux. Une maison de 20,000 fr., située à Paris, vaut, quoi qu’en dise M. Say, une maison de 20,000 francs, située en Basse-Bretagne, et la preuve qu’elle la vaut, c’est que ces deux maisons peuvent s’échanger, et s’échangent réellement tous les jours l’une contre l’autre. La maison située en Basse-Bretagne est probablement plus belle, il est vrai, plus grande, plus commode, ou, si l’on veut, plus utile comme maison que la maison du même prix située à Paris. Mais, d’un autre côté, on se procure à Paris un certain nombre de commodités et de jouissances qu’on ne saurait avoir en Basse-Bretagne et qui font passer par-dessus l’inconvénient d’habiter une maison moins commode, pour le même prix, que celle qu’on pourrait avoir en Basse-Bretagne. Ainsi, la différence qui existe entre les deux maisons n’étant que dans l’utilité, et ne consistant point dans la valeur, ces deux maisons ne laissent pas que de constituer, pour leurs propriétaires respectifs une richesse relative tout-à-fait pareille. C’est leur richesse absolue qui diffère, autrement dit la quantité d’utilité dont chacun d’eux peut disposer par rapport au besoin qu’il éprouve de se trouver un logement. Mais l’économie politique, nous l’avons dit, ne s’occupe point de la richesse absolue ou de l’utilité en général, de ce que M. Say appelle la richesse naturelle ; cette science s’occupe uniquement de la richesse relative ou de la