Page:Revue mensuelle d’économie politique - 1836 - T5.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plusieurs fois d’une manière assez heureuse je veux parler de la richesse absolue et de la richesse relative, de ce que M. Say appelle la richesse naturelle et la richesse sociale, ou, en d’autres termes, de la richesse qui consiste dans la possession de l’utilité, et de celle qui consiste dans la possession de la valeur. L’utilité, je l’ai dit ailleurs[1], n’est pas une richesse appréciable. Elle n’exprime qu’un rapport vague et peu précis, un phénomène purement relatif à l’individu. Il n’y a que la valeur qui puisse se compter et se mesurer, parce qu’elle se fonde sur les besoins de tous, et qu’elle a pour principe la limitation ou la rareté, phénomène essentiellement appréciable. Ce n’est donc qu’entre deux valeurs qu’on peut établir un rapport rigoureux d’égalité ou d’inégalité. L’économie politique est la science de la valeur, et la richesse, proprement dite, ou la richesse sociale, ne se compose que de valeurs. Il suffit de rappeler ici ces principes, qui ne sont pas diamétralement opposés à ceux de M. Say, mais qui s’accordent au contraire, en grande partie, avec les siens, pour répondre pertinemment à l’assertion très hasardée de cet habile économiste, et pour faire justice de son erreur. Un homme qui possède 20,000 fr. à Paris, et celui qui possède 20,000 fr. en province sont aussi riches l’un que l’autre de cette richesse relative, ou de cette richesse sociale qui fait l’objet de l’économie politique, puisqu’ils possèdent tous deux la même valeur. Celui qui habite la province pourra être plus riche, il est vrai, absolument partant, si les choses

  1. De la Nature et de la Richesse et de l’Origine de la valeur, chap. iv.