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ment conditions d’une mesure. Je ne prétends point soutenir que la valeur des métaux précieux soit absolument invariable ; mais j’affirme, et le prouve, que la valeur des métaux précieux varie moins que celle de toutes les autres marchandises, qu’elle varie par une seule et unique raison. Ceux qui ont combattus l’opinion que je professe ici, se sont montrés trop rigoureux en comparant l’or et l’argent aux mesures de longueur ou de superficie qui jouissent d’une invariabilité bien reconnue et bien constante. Mais toutes les mesures ne sont pas aussi parfaites que le mètre ou la toise, l’hectare ou l’arpent. L’humanité n’est pas toujours dans une position aussi commode que lorsqu’il s’agit de mesurer l’étendue. Il y a beaucoup de mesures qui ne présentent pas le même degré de perfection que le mètre ou la toise, l’arc ou l’arpent, et l’on s’en sert, faute de mieux. Ainsi, pour mesurer la force d’une machine, on prend pour terme de comparaison la force d’un cheval, et l’on dit d’une machine à vapeur ou de toute autre qu’elle a la force de vingt chevaux, de trente chevaux. Or, je demande si la force d’un cheval est une quantité bien déterminée, bien constante, parfaitement invariable ? Est-il bien difficile de trouver quinze chevaux qui soient plus forts que vingt autres chevaux ? Est-il bien difficile de trouver un cheval qui fasse, à lui tout seul, la besogne de plusieurs autres ? Ainsi pour mesurer la longueur elle-même, on employait autrefois la palme, la coudée, mesures bien évidemment imparfaites, puisque la palme et la coudée varient d’une personne à une autre personne, et que deux palmes et deux