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embrasse évidemment le nécessaire et l’agréable ; et il est hors de toute contestation que les métaux précieux figurent au plus juste titre dans cette dernière catégorie. Sans doute l’or et l’argent ne sont pas pour nous d’une nécessité indispensable, et nous pourrions très bien vivre sans eux ; mais, d’un autre côté, il est impossible de nier qu’ils ne nous soient extrêmement agréables. Leur mérite, sous ce rapport, est généralement connu et apprécié. On s’en sert pour faire des vases, des ustensiles, des ornemens, des bijoux. Ils sont un des objets les plus remarquables, un des élémens les plus usités de la parure, tant chez les hommes que chez les femmes. Bref, il serait ridicule d’insister sur une vérité aussi évidente. L’utilité des métaux précieux est incontestable.

L’or et l’argent sont rares, quoi qu’en ait dit M. Garnier, qui s’est complètement trompé sur le sens du mot rareté, et qui n’a eu qu’une très fausse idée de la valeur et de son origine[1]. Les métaux précieux n’existent pas en aussi grande quantité que l’air atmosphérique ou la lumière solaire. Il n’en pleut pas du ciel, et il ne s’en trouve pas partout. Ces métaux sont donc appelés précieux à juste titre. Ils ont de la valeur, d’après ce que j’ai essayé de démontrer ailleurs, que la valeur vient de la rareté, que la valeur c’est l’utilité rare[2]. La possession de l’or et de l’argent constitue donc pour celui qui en est investi une véritable ri-

  1. Voyez sa traduction de la Richesse des nations, deuxième édition, tome V, page 315. Voyez aussi mon traité de la Nature de la richesse.
  2. De la Nature de la Richesse et de l’Origine de la Valeur, chapitre 3