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63 REVUE DE L’ARCHITECTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS. 64 Achèvement du Jardin du I.uxenibaure. A mesure que les jardins disparaissent sous l’envahissement des constructions, le goût de l’ombre et de la verdure semble renaître et devenir plus vif chaque jour. Sans parler en ce moment des jar- dins récemment créés dans la cour du Louvre, on compte bon nombre d’hôtels et de maisons du faubourg Saint-Germain, dont les cours, anciennement sablées ou pavées, sont aujourd’hui trans- formées en parterres de gazon , en corbeilles de fleurs. Lç palais de la Légion-d’Honneur vient tout récemment de subir celte heureuse transformation. Mais le champ le plus vaste où se montre cette ré- novation , c’est le jardin du Luxembourg. Nous avons parlé déjà (vol. VIII, col. lOi) des embellissements qui y ont été faits et qui, continués depuis celte époque, sont près d’arriver à leur terme. Le nombre des grandes statues qui ornent les terrasses de l’est et de l’ouest a été augmenté et porté à vingt-deuj ; aux dix-huit que nous avions précédemment désignées, il en a été ajouté quatre nou- velles. La Velléda, de M. Maindron, a été reportée dans un rond-point écarté du jardin de la pépinière, comme plus convenable sans doute aux méditations de la prophétesse. Pour être complète, la décora- tion n’attend plus que deux figures , l’une pour remplacer un Her- cule, le dernier reste mythologique de l’ancienne décoration, et l’ar- rivée de la Jeanne d’Arc, dont on dit merveille par avance. Des piédestaux en pierre à bossages , qu’on ne saurait louer sans réserve, ont été élevés pour recevoir ces statues. Les balustrades en pierre commencées en 18H, à l’extrémité méridionale du parterre, pour le séparer des quinconces, ont été continuées dans toute l’éten- due des terrasses. Ces balustrades , surmontées de nombreux vases de marbre, sont peu ou mal étudiées ; généralement, dans tous ces travaux, le fini qui révèle si bien l’amour sérieux de l’artiste pour son œuvre, fait dé- faut. Il nous parait regrettable que, dans la décoration formée par cette ceinture de balustrades, il n’ait pas été tenu plus de compte aussi de la position qu’elles occupent. Les balustrades qui bordaient autrefois les terrasses du parterre et qu’avaient remplacées, en 1801, les grilles d’appui en fer, couronnaient des murs de terrasses ; il pouvait donc sembler naturel de voir continuer des balustrades des fenêtres du palais, au-dessus de ces murs qui formaient une sorte de prolongement du soubassement de l’édifice. Mais les murs de ter- rasses du vieux jardin français ayant été remplacés par des talus de gazon et de fleurs, les nouvelles balustrades semblent sortir de terre et la reproduction des formes anciennes ne se trouve pas par- faitement justifiée. Ces nouvelles balustrades , trop lourdes pour leur situation actuelle , manquent d’ailleurs, nous ne craignons pas de nous répéter, dans leur couronnement, dans l’agencement des pilastres qui reçoivent les vases, de cette recherche de grâce répan- due sur la façade du vieux monument. Hais ce qui nous paraît surtout regrettable, c’est le défaut de soins pour conserver les figures de marbre , c’est l’abandon auquel cette décoration, à peine achevée, semble être condamnée. Déjà une couche épaisse de poussière couvre quelques-unes des figures et les rend méconnaissables. Les travaux d’embellissement se sont étendus sur d’autres points encore : l’isolement de la fontaine ou grotte de Marie de Médicis, du côté de l’est ; à l’ouest, les raccords rendus nécessaires parla démolition de léglise des Filles-lu-Calvaire. La fontaine de Marie de Médicis est un monument assez triste qui ne méritait guère d’être mis en évidence, surtout lorsqae, pour arriver à ce résultat, il a fallu montrer une partie jusqu’alors cachée des dépendances du palais. Le contour extérieur des murs du Luxembourg, du côté de l’ouest, est formé par deux des faces intérieures de l’ancienne église des Filles-du-Calvaire, dont la décoration a été conservée et rajus- tée. Le petit cloitre attenant à l’église, complètement restauré et dégagé des constructions qui Tentouralent autrefois, forme une espèce de cour entourée de portiques, ouverte de deux côtés sur le jardin. La grande salle qui relie ce cloître à l’église a reçu une ou- verture nouvelle. L’extrémité de la salle, tournée vers l’ouest, a été refaite à neuf, et son angle saillant sur le jardin a été flanqué d’un pavillon en style de la renaissance, dont l’intention, sinon toutes les formes, nous parait méritoire. En terminant nos observations, tx>L vm, col. i02, sur les embel- lissements du jardin du Luxembourg, nous avons exprimé notre étonnement d’avoir vu disparaître une partie importante de con- structions intéressantes et bien conservées ; l’architecte du palais, en rétablissant autant que possible la décoration de l’intérieur de l’église des Filles-du-Calvaire, la commission des monuments histo> riques, en demandant tout récemment au ministre de l’Instruction publique et des Cultes la conservation des peintures qui accostaient le tableau formant le rétable de l’autel, ont sans doute voulu mon- trer qu’ils déclinaient toute responsabilité dans cette œuvre de des- truction. — On a commencé au palais du Luxembourg, si déjà ménoe ils ne sont terminés, les travaux d’appropriation nécessaires aux séan- ces du Sénat. Depuis la révolution de février, la plupart des salles avaient été occupées par la troupe de ligne, et quoiqu’il n’y ait pu eu de dégâts matériels, il était nécessaire que des réparations fussent faites. Tel avait été l’avis du ministre des Travaux publics (kl. Magne), dans une visite qu’il fit au palais. Dans la salle des séances, il n’y avait qu’à nettoyer les décorations, très-importantes d’ailleurs, et qui ont coûté 800,000 fr. sous le der- nier règne. — On exécute des travaux d’appropriation au Petit-Luxembourg, où doit loger le président du Sénat. Te Seam du 1" Janvier. La partie architecturale et décorative de cette cérémonie a été décrite et représentée dans cette Revue {col. 9, Pi. A) par H. Viollet- Le-Duc ; reste un mot à ajouter sur les entrepreneurs et artistes chargés de l’exécution. A M. Denuelle furent confiées tontes les peiutures de décoration intérieure de la cathédrale et celles des quatre grandes figures de Charlemagne, saint Louis, Louis XIV et Napoléon, placées à la façade extérieure au-dessus de la galerie des rois ; ce fut M. Séchan qui exécuta les statues en grisaille de la gale- rie des rois. CÉSAR DALY, Directeur, rédacteur en chef, Membre de la Commiss. des Arts et Édifices religieax iiégeant an Ministère des Cultes, membre bon. ei corr. de 1 Académie royale des Beaux-Arts de Stockholm, de l’Institut royal des Archttectea britannique», de la Société des Beaux-Arts d’Athènes, de l’Aca- démie impériale des Bwiux-Arti de Saint- Pétenbourg, etc., eto. ■ONTMAKT». — IHTBIIISKIE FILLOT, SOOLBVARD riGALB, 50.