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et de l’Autriche. Si quelqu’un de nos lecteurs voulait entendre la IXe avec le Te Deum en une solennité magnifique, nous lui recommanderions l’audition qui en aura lieu à Stuttgart le 26 mai 1907, second jour d’un festival radieux qui durera du 25 au 27 inclusivement.

En attendant la biographie monumentale que prépare, en allemand, M. Göllerich, et, en français, le consciencieux précis sur l’œuvre de Bruckner, auquel travaille M. Marcel Montandon, nous abandonnerons le livre de M. Rudolf Louis, que gâte une peur risible de se compromettre et qui a le tort d’admettre les thèses Hanslick, de les vouloir concilier avec une admiration plutôt déférente que réelle pour le génie qui vient directement après Beethoven. Mais nous emprunterons quelques traits biographiques à la notice de M. le Dr K. Grunsky, en tête de son travail sur la IXe Symphonie. Nous avons connu personnellement Bruckner ; il fut plein de bonté pour nous aussi, mais nos souvenirs ne sont pas en place ici. Nous avons à apprendre Bruckner à un public catholique, qui n’a cure d’analyser des symphonies, si grandioses soient-elles, mais qui veut, avant tout, à la méditation de cette vie, se réjouir de constater que le catholicisme, à la fin du dix-neuvième siècle, a encore la vitalité nécessaire à la formation d’un héros, d’un saint et d’un génie, en la personne d’un pauvre petit maître d’école paysan. Et Bruckner et Franck ne sont pas les seules gloires musicales du catholicisme moderne : nous étonnerons sans doute beaucoup de monde en proclamant que Dvorak partagea leur foi.

Le père de Bruckner était employé à Ansfelden, à quelques heures de Linz ; sa mère était Styrienne. Anton devait être l’aîné de leurs enfants : il naquit le 4 septembre 1824, et se montra immédiatement très doué pour la musique. Lorsque son père mourut, en 1856 déjà, le gamin, qui avait onze frères et sœurs, put s’estimer heureux d’être recueilli au pensionnat de Saint-Florian. Saint-Florian est un de ces immenses couvents d’Autriche semblables à des palais, blancs et bien aérés, église baroque, somptueuse et tout de même pieuse, — le baroque en Autriche sait être pieux, — à domaines princiers, et qui, de toutes leurs grandes fenêtres, ouvrent sur des horizons au fond desquels