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REVUE DU PAYS DE CAUX

M. Émile Loubet l’un des plus durables et des réconfortants souvenirs de sa carrière présidentielle.


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SUR LES PENTES DU PINCIO ET DU PARNASSE



L’Académie de France à Rome compte déjà deux siècles et demi d’existence. C’est Colbert (dont le nom est associé à presque toutes les grandes institutions Françaises) qui eut l’honneur de cette heureuse fondation. Mais, il y a cent ans, l’Académie émigra du palais Salviati, où s’étaient jusqu’alors abrités ses destins, vers cette exquise villa Médicis qui hébergea, en leurs travaux juvéniles, la plupart de nos grands artistes. Elle fut la demeure d’Ingres, de Flandrin, de Baudry, d’Henry Regnault, de David d’Angers, de Rude, de Pradier, de Carpeaux, de Gounod, d’Ambroise Thomas, de Bizet et de tant d’autres illustres créateurs d’idéal, sans parler des vivants déjà célèbres et des néophytes qui suivent actuellement la route féconde jalonnée par leurs aînés.

Tous ont décrit dans leurs lettres ou dans les pages de leur journal intime l’infinie douceur de ce séjour sans pareil, de ces jardins d’où la vue s’étend sur Rome entière, de cette maison, vaste et calme où, libérée de tous soucis matériels, loin de toute préoccupation immédiate, l’ardeur printanière du génie peut se développer librement. Le gouvernement Français a agi sagement en donnant à l’un de ses membres les plus autorisés la mission de le représenter aux fêtes organisées par l’Académie de France en vue de célébrer le centenaire de son installation au Pincio. M. Chaumié, ministre de l’Instruction publique qu’accompagnait le directeur des Beaux-Arts, M. Roujon, a présidé la cérémonie du centenaire à laquelle ont assisté le roi et la reine d’Italie. Au cours de son voyage à travers la péninsule et notamment à Pise et à Florence, le représentant de la France fut accueilli avec un enthousiasme dont la spontanéité double la valeur.

Deux résultats sont acquis : le premier, c’est que le rapprochement avec la France est évidemment une chose populaire en Italie ; on pouvait craindre que le gouvernement royal n’eut obéi, en s’y