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REVUE DU PAYS DE CAUX

vement chaque bras et chaque jambe, comme le long d’une échelle. Si l’arbre est un de ces robustes chênes à fortes branches horizontales, c’est le cas de s’entraîner aux rétablissements. Le rétablissement est un exercice auquel les médecins font la guerre, on ne sait pourquoi ; il n’est pas plus dangereux que les barres parallèles qu’ils préconisent, et infiniment moins que la barre fixe. La barre fixe, ou même le trapèze, n’ont pas d’application courante dans la vie ; le rétablissement, au contraire, est d’un usage constant : pas d’autre manière de franchir un mur ou certaines hautes barrières, d’escalader un balcon, d’opérer certains sauvetages. Pour bien apprendre le mécanisme du rétablissement, l’instrument le meilleur est une forte planche posée à deux mètres du sol sur des tréteaux ou des échelles doubles ; là encore, rien de compliqué. Le trapèze, s’il n’a pas d’utilité immédiate, est divertissant et assouplissant ; il ne coûte pas cher ; on en fabriquerait un assez facilement ; l’installer est une autre affaire ; le plus aisé est de le pendre à la maîtresse branche d’un gros arbre. Une barre fixe est, de tous points, inutile.

Le saut en longueur, avec et sans élan, est le plus naturel et le plus anodin ; l’adolescent qui s’y entraîne régulièrement atteint sans peine de jolies distances. Dès que s’interpose un obstacle en hauteur, le saut devient chose délicate. C’est que les trois quarts du temps la nervosité s’en mêle ou pour mieux dire, la « peur mécanique », cette espèce d’angoisse des muscles qui les rend maladroits, d’une maladresse accrue à chaque nouvel échec. Il faut commencer avec la corde qui ne résiste pas et s’y tenir longtemps avant d’aborder la barrière — ensuite travailler à bien franchir celle-ci, de côté, en s’appuyant des deux mains — puis d’une seule main — puis sans toucher. Restent alors le saut à la perche et le saut à cheval ; la perche doit être bien choisie, légèrement flexible, mais surtout très résistante pour éviter les accidents graves qui pourraient résulter d’une rupture. Le cheval n’a nul besoin d’être un Bucephale ; n’importe quel gros cheval de labour peut être facilement dressé à la voltige élémentaire, immobile ou au pas ; au trot ou au galop, c’est tout différent et si même l’animal s’y prêtait, il ne serait pas prudent de s’en servir ; j’appelle voltige élémentaire, sauter à terre et à cheval, à droite et à gauche indistinctement, par opposition à des exercices comme les ciseaux ou le saut debout ou en croupe ; ceux-là ne sont pas d’un usage courant dans la vie.

On néglige partout aujourd’hui d’apprendre à lancer. Il s’agit