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fatal, qu’avait livré aux hommes l’ouragan en furie. Peu à peu la mer se calma.. Maintenant, le vent était tombé, le déluge avait cessé. [1]

Alors, je pus contempler la mer. A sa vue, un cri s’échappa de ma poitrine oppressée... Voici que l’humanité était retournée en poussière, et que, devant moi, s’étendait la plaine liquide semblable à un plateau désert !... Maintenant, j’avais ouvert la lucarne du navire et le jour venait frapper en plein mon visage. Atterré, d’abord, par un aussi affligeant spectacle, je m’affaissai sur un siège et me pris à pleurer. Puis, étant un peu remis de ma première émotion, je parcourus l’horizon du regard... De toutes parts, la mer était ouverte ; seulement, dans le lointain, une terre, formant une sorte d’îlot isolé, émergeait de douze coudées au-dessus des flots. [2]

« C’est là que vint échouer le vaisseau, au pays de Nizir. Comme il s’était engagé dans la montagne, il s’y enlisa. Six jours se passèrent ainsi... Aux approches du septième jour, je lâchai d’abord une colombe : la colombe s’envola puis revint, car elle n’avait pas trouvé de place où se poser. Ensuite, je lâchai une hirondelle : l’hirondelle aussi s’envola puis revint, car elle non plus n’avait pas trouvé de place où se poser. Enfin, je lâchai un corbeau : le corbeau s’envola et, ayant trouvé des eaux stagnantes, il s’en approcha, pataugea dans la boue et ne revint pas. [3]

« Alors, je procédai au débarquement. Je dispersai aux quatre vents du ciel, toutes les espèces d’êtres animés renfermées dans l’arche. Puis, reconnaissant

  1. Tab.XI, l. 128-132.
  2. Tab. XI, l. 133-140.
  3. Tab. XI, l. 141-155.