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on a pu vérifier, d’après des calculs astronomiques, que le passage du soleil dans la constellation zodiacale du Taureau a coïncidé avec l’équinoxe du printemps, plus de deux mille ans avant notre ère, comme limite inférieure. On a conclu de là que l’épopée de Gilgamès, où se trouve noté un tel phénomène, doit remonter à peu près à la même époque.

Mais de telles preuves restent toujours un peu conjecturales. Une étude détaillée des éléments historiques et religieux, qui constituent le fonds du poème, semble devoir nous fournir des arguments moins contestables.

Dans la lutte de Gilgamès contre Humbaba, on a cru reconnaître, ainsi que nous l’avons fait observer ailleurs, un souvenir de l'antique rivalité qui divisa la Chaldée et Élam. Or, cette vieille hostilité entre deux peuples voisins a laissé des traces dans les documents historiques qui nous ont été conservés. Ainsi voyons-nous, dans la liste des rois cités par Bérose [1], à la suite d’une dynastie mode ou élamite, qui se maintint durant plus de deux cents ans, à peine séparée d’elle par une série de onze rois de race inconnue, qui auraient régné près de cinquante ans, une dynastie chaldéenne, qui resta dominante pendant une période de quatre cent cinquante ans. De même, Assurbanipal, dans le récit qu’il nous a laissé de ses diverses expéditions [2], raconte qu’il ramena de Suze et réintégra solennellement dans le temple d’Anu, à Uruk, la statue de la déesse Nanâ, qui en avait été arrachée, 1635 ans auparavant, par Kudurnahunti, l’Élamite. Or, en combinant ce double témoignage, on a calculé

  1. Dans C. Müller, Fragm. historic, graec, t. II, p. 509 (éd. Didot).
  2. IIIR. 23, 9-13 a ; VR. 6, 107-124 b. Cf. Schrader : Sammlung von assyrischen und babylonischen Texten. II, p. 208.