Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/442

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’esprit de personne de placer l’épopée de Gilgamès dans la période pleinement historique, pas plus qu’on ne saurait songer à faire descendre l’Iliade et l’Odyssée jusqu’à l’époque classique. L’examen du texte lui-même est ici la meilleure preuve et tout à fait convaincante.

A ne considérer d’abord que le système scientifique de l’univers, tel qu’il se trouve impliqué dans notre épopée, on se sent reporté tout d’un coup à une grande distance en arrière. La description de ce monde, confiné dans la vallée du Tigre et de l'Euphrate, limité à l’horizon par les montagnes du Soleil, entouré de toutes parts par le fleuve Océan, paraît bien avoir été calquée sur quelque mappemonde rudimentaire, œuvre des géographes primitifs. En tout cas, des conceptions si enfantines sont assurément fort anciennes.

Si, de cette vue d’ensemble sur l’univers, nous passons à l’examen du système astronomique en particulier, nous arrivons au même résultat. Ici, certains savants [1] ont essayé d’introduire un élément de précision dans le débat. Prenant comme point de départ la concordance, qui paraît exister entre le cycle des exploits de Gilgamès et la révolution annuelle du soleil, s’appuyant en particulier sur les coïncidences remarquables, que l'on a cru saisir, dans notre poème, entre certains signes du zodiaque, tels que le Taureau, le Scorpion, le Verseau et l’équinoxe du printemps, l'équinoxe d’automne, le solstice d’hiver, ils ont cherché à établir une relation entre l’époque où eurent lieu ces phénomènes et la date de la composition de l’épopée. Or,

  1. Jensen : Kosmologie, p. 318-320 ; Alf. Jeremias : Izdubar-Nimrod, p. 66-67 ; A. Loisy : Les mythes chaldéens de la création et du déluge, p. 71.