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Bel, il semble avoir été regardé, en outre, comme une personnification du mal. A la suite d’une expédition périlleuse, Gilgamès et Eabani, étant parvenus à se rendre maîtres de Humbaba, lui tranchèrent la tête.

Après la mort d’Eabani, Gilgamès, au cours de son voyage, rencontre Amel-Ea [1]. Ce personnage n’apparaît pas, dans notre poème, sous des traits bien distincts. Il est pour nous simplement le pilote de Samas-napistim. Matelot expérimenté, d’ailleurs, puisqu’il fait en trois jours le chemin de trente-cinq jours, connaissant à fond ces parages mystérieux de l’Océan et des eaux de la mort, à l’occasion, capable d’un sage conseil et prêt à tous les bons offices.

Quant à Samas-napistim et à sa femme [2], leur physionomie reste pour nous aussi indécise que celle d’Amel-Ea. Nous savons seulement qu’ils gardaient une apparence d’éternelle jeunesse. Nous sommes mieux renseignés sur leur histoire. Samas-napistim, désigné aussi sous le nom d’Atrahasis était originaire de Surippak et fils de Ubara-Marduk. A la suite du déluge, auquel il n’avait échappé avec sa femme que par miracle, grâce à l’intervention du dieu Ea, ils furent élevés tous deux au rang des dieux et transportés au loin, à la bouche des fleuves, dans l’île mystérieuse où croît l’arbre de vie. C’est là que vint les trouver Gilgamès, leur petit-fils, sous la conduite d’Amel-Ea. De nature pitoyable, Samas-napistim et sa femme, après l’avoir guéri, lui firent part de cet arbre de vie, qui l’aurait rendu lui aussi immortel, si, chemin faisant, un serpent ne le lui avait dérobé.

  1. Amel-Ea : X, II b, 28-31, 48 ; X, III, 1-6, 32-50 ; X, IV, 1-7 ; XI, 248-273, 294-301, 309-328.
  2. Samas-napistim et sa femme : IX, 6-7 ; X, II b, 15-28 ; X, III, 32-35 ; X, IV, 12-20 ; X, V, 23-45 ; X, VI, 23-40 ; XI, 1-7, 8-205, 206-299 ; XI b, 1-18.