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Quant à l’universalité du déluge, laquelle se trouve affirmée expressément dans notre récit, elle doit s’entendre évidemment, tout en faisant sa part à l’emphase orientale, du monde connu des Chaldéens. Mais bien restreinte fut la terra cognita pour ces anciens hommes. Elle ne s’étendait guère, en effet, au delà de leur vallée et de l’horizon de montagnes qui la terminaient. A l’Orient et à l’Occident se dressaient, ainsi que nous l’avons vu, les montagnes du soleil, ouvrant sur la région de la nuit, aboutissant aux jardins enchantés et à la mer. Or, cette mer, c est à savoir l’Océan qui entoure la terre et forme, par conséquent, les dernières limites du monde, se trouvait à peine à soixante heures de marche d’Uruk. Dans la direction du nord-est, le point extrême paraît avoir été le mont Nizir [1]. Il résulte de ces considérations que ce qui parut, autrefois, un déluge universel, n’est pour nous, aujourd’hui, qu’un déluge local. Le déluge, tel qu’il nous a été décrit par le poète chaldéen, resta circonscrit dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate.

L’épopée de Gilgamès n’est point un traité de cosmographie et d’astronomie, aussi, avons-nous eu quelque peine à reconstituer d’ensemble les idées des Chaldéens à ce sujet, d’après des vestiges recueillis çà et là, tout le long du poème. Il n’en est point de même pour les faits historiques et les données mythologiques, dont les traces subsistent encore visiblement à toutes les pages. L’épopée de Gilgamès, en effet, est avant tout un poème national et religieux.

La basse Chaldée [2] nous apparaît, à travers le

  1. Le mont Nizir fait partie de la chaîne du Zagros, la plus rapprochée de la Babylonie.
  2. La basse Chaldée : 1° Aspect général : II, II, 38, 40, 43 ; II, III, 5, 7, 12, 21, 32, 34, 39, 42, 47-48, 50, 61 ; II, IV, 2, 4, 7 ; II, V, 3, 23 ; III, VI, 9 ; IV, IV, 7 ; IV, (?) b, 36 ; IV, (?) c, 21 ; VI, 15,