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l’Océan, à la source même de la vie. Si l’on considère, en outre, que Gilgamès est uni à Samas-napistim par les liens d’une parenté rapprochée [1], et à Samas lui-même par des relations étroites de dépendance [2], ne résulterait-il pas de là que Gilgamès, peut être regardé comme le substitut de l’un et de l’autre ? En tout cas, de telles connexions sont trop frappantes pour être dues au hasard.

À des observations astronomiques et cosmiques à la fois semble se rattacher le déluge, dont le récit constitue un épisode important de notre poème.

Si, en effet, la relation est réelle, que l’on a prétendu découvrir entre la onzième tablette de l’épopée et le mois « de la malédiction de la pluie » ou la constellation zodiacale du Verseau, il faudrait voir dans la version chaldéenne du déluge, la notation d’un phénomène astronomique se reproduisant à intervalles fixes, un signe marquant le retour périodique de la saison pluvieuse.

Mais ce phénomène astronomique n’allait point, assurément, sans perturbations terrestres. Le passage du soleil dans la constellation zodiacale du Verseau coïncidait avec des orages violents et des inondations redoutables. Parmi ces déluges, soit que l’un d’entre eux ait frappé vivement les esprits à l’exclusion des autres, soit que tous ensemble se soient fondus à la longue en une impression résultante unique, toujours est-il que le souvenir d’un tel événement resta profondément gravé dans la mémoire des antiques générations. Souvenir net et précis, qui ne saurait être expliqué à l’aide de simples combinaisons astronomiques, mais seulement d’après des données réelles. Le déluge chaldéen, malgré la foi me mythique qu’il a revêtue, a sou origine dans un fait historique.

  1. IX, III, 3.
  2. II, V, 21 ; IV, II, 10-18. Cf. Hymne à Gilgamès (Voir l’Appendice).