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réunis, ces terribles gardiens placés à l’entrée de la région de la nuit, où tous les jours s’engage le soleil, paraît signifier l’entrée de la saison hivernale. Après le Scorpion-Sagittaire, Gilgamès rencontre Sabit, la déesse de la mer, dont le nom rappelle celui de la gazelle, de la chèvre-poisson qui est le signe du Capricorne et parvient enfin auprès de son aïeul, Samas-napistim, qui représente le signe du Verseau. Là, il reprend des forces, de même que le soleil après le solstice d’hiver, puis, la saison hivernale n’étant pas encore complètement terminée, il reprend sa course sur mer et traverse le signe des Poissons. Arrivé chez lui bien portant, il lui est donné de revoir Eabani, à la fin même de l’hiver, marquant le retour de l’année nouvelle. Ainsi, « le séjour d’Eabani aux enfers correspond aux six mois de l’automne et de l’hiver, tandis que la durée de sa carrière terrestre correspond aux six mois du printemps et de l’été. »

Les observations ajoutées par Alf. Jeremias et A. Loisy aux résultats déjà acquis par H. C. Rawlinson, A. H. Sayce et Fr. Lenormant, pour être ingénieuses, n’en paraissent pas moins solides. Tout au plus, pourrait-on opposer quelques réserves. Nous nous contenterons de faire remarquer que, jusqu’ici, l’on s’est préoccupé trop exclusivement de la révolution annuelle du soleil dans ses rapports avec le cycle de Gilgamès, alors que, au cours de notre épopée, les évènements se trouvent entremêlés, de façon à symboliser, par un jeu de combinaison savante, les vicissitudes du soleil, non seulement dans sa course annuelle, mais encore dans sa course diurne. On ne saurait trop insister sur ce dernier point.

Gilgamès passe par la grande porte qui livre passage au soleil [1], et, s’engageant sur son chemin, à travers

  1. Aucun texte, dans le poème, ne nous permet de déterminer avec précision, s’il s’agit ici de la porte de l’Orient ou de la porte de l’Occident.