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les diverses parties du poème, des éléments d’un système cosmique dès longtemps disparu. En essayant de te reconstituer d’ensemble, à l’aide de tels fragments, on reconnaît sans peine que l’univers, d’après la vieille conception chaldéenne, comprenait, de haut en bas, quatre parties : le ciel, la terre, les enfers et l’abîme.

Le ciel [1] était conçu comme une voûte solide, dont le sommet « le ciel d’Anu » se trouve jeté à une grande hauteur dans l’espace et dont la base confine aux extrémités de la terre. Le long de cette voûte circulent, suivant des routes tracées, les étoiles et le soleil. On le divisait idéalement en quatre régions, dont la direction est marquée par les vents cardinaux. Des deux côtés opposés de l’horizon, à l’Orient et à l’Occident, formant le trait-d’union entre le monde supérieur et le monde inférieur, se dressent les monts Masu, percés d’une grande porte, par où se lève et se couche le soleil — une sorte d’Atlas dédoublé, reposant sur les fondements de la terre et supportant la coupole du ciel.

La terre [2], continent et mers, de forme circulaire, était représentée comme une immense montagne entourée

  1. Le ciel : II, II, 19 ; II, III, 3, 30 ; II, V, 27 ; III, III, 15 ; III, IV, 28 ; IV, (?), 15 ; VI, 81 (Cf. ibid. 82-83) ; IX, I, 8 ; IX, II, 1-2, 3, 4-5, 6, 9 ; IX, III, 9, 12-14 ; IX, IV, 40, 41, 43, 46 ; IX, V, 38, 45 ; X, VI, 31 ; XI, 93, 106, 113, 115, 156 ; (?), (?) f, 19.
  2. La terre : IV, (?) c, 15 ; IX, I, 8 ; IX, II, 1-2, 3, 4-5, 6, 9, 19, 21 ; IX, III, 9, 10, 11, 12-14, 20 ; IX, IV, 40, 41, 43, 46, 47-50 ; IX, V, 23-40, 44, 45, 46-51 ; IX, VI, 24-29, 32, 36 ; X, I, 1-2, 9,15-16, 21-22 ; X, II, 16-17, 18-19, 21-24, 25-27, 31, 34, 42, 45, 47 ; X, III 5, 33-34, 35, 41, 45, 49, 50 ; X, IV, 3 ; X, V, 25, 26, 27, 34 ; XI, 41, 42, 101, 105, 108, 110, 124, 132, 133, 135, 139, 192, 194, 204-205, 216-217, 245-247 (Cf. ibid. 248-253), 256, 260-261, 265, 269-270, 278, 300-303, 314, 316, 317, 318-320 ; XII, I, 18, 23 ; XII, II, 23 ; XII, III, 23, 27 ; XII, IV, 2, 4 ; (?), (?) h, 24 ; (?), (?) f, 19 ; (?), (?) l, 11— Un fragment géographique, publié par F. E. Peiser (Zeits. f. Assyr, 1889, p. 361-370), nous a conservé une construction graphique de la terre, telle que l’avaient imaginée les Chaldéens, une sorte de mappemonde, dressée par un scribe babylonien d’après un original ancien et accompagnée d’une légende explicative. On la dirait faite exprès pour servir d’illustration au poème de Gilgamès. Le tracé, dans ses lignes principales, correspond assez bien à notre description. Au cours de la légende, d’ailleurs, se trouvent mentionnés la terre avec ses quatre régions (kibrâti irbitti), l’endroit où le soleil devient invisible (asar an-par nu idi-lal) et le fleuve Océan (a-gùr marratu).