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à défendre les députés en cas d’attaque. La Renaudie fondait de si belles espérances sur l’exécution de son projet, qu’il s’en ouvrit à l’avocat d’Avenelles, qui courut dénoncer son ami. Dès que les Guise connurent le secret, ils quittèrent Blois et se réfugièrent au château fort d’Amboise, où ils amenèrent le roi et la cour. Le départ de Blois n’arrêta pas les conjurés, qui firent leurs dispositions pour se rendre maîtres du château d’Amboise, vers lequel ils se dirigèrent par petits détachements. Mais les Guise firent attaquer ces détachements avant leur réunion, et s’emparèrent isolément de presque tous les conjurés. Castelnau fut arrêté et pris à Nosei ; la Renaudie fut rencontré dans la forêt de Château-Reynard par Pardaillan, et tué d’un coup de pistolet par le valet de ce dernier ; les autres conjurés se rendirent au duc de Nemours, sur la promesse qu’ils seraient admis à se justifier devant le roi. Mais la promesse ne fut pas tenue. Tous ceux qui n’avaient pas péri dans le combat furent amenés à Amboise et cruellement traités : on les précipitait dans la rivière, attachés par douzaines à de longues perches ; on les pendait tout bottés et éperonnés aux créneaux du château, sous les yeux même de la cour qui assistait de ses fenêtres à ces barbares exécutions. Tels sont les faits que l’auteur du roman a racontés avec l’exactitude de l’historien : toutes les illustrations, tous les grands caractères de l’époque, qui passent sous les yeux du lecteur, sont peints avec vérité, et surtout bien appréciés.

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BOUFFLERS
(le chevalier Stanislas J. de), né en 1737, mort en 1818.


Né dans le temps où l’on riait, le chevalier de Boufflers se montra doué lui-même d’une gaieté si contagieuse, qu’il augmenta la bonne humeur des Français ; ses petits vers plus que libres, ses chansons tant soit peu graveleuses, ses contes parfois peu décents, eurent, dans sa société comme dans le public, une vogue inouïe, parce qu’ils étaient amusants. Le chevalier de Boufflers eut le bonheur de venir à propos ; poëte délicieux, peintre agréable, musicien charmant, les femmes raffolaient de lui ; il savait à la fois les louer, les peindre et les chanter ; il savait plus, il savait les adorer comme elles veulent être adorées, avec fureur et sans constance, de peur de l’ennui ; il leur jurait des passions éternelles de… quinze jours, et il leur tenait fidèlement parole. — La succession spirituelle de cet auteur, regardé généralement comme le dernier conservateur de la gaieté française, est moins considérable par la quantité que par la qualité des objets dont elle se compose. Nous n’apprendrons rien au public