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change sur son intention, en employant le secret de Rabelais. Il alla, en ce sens, bien plus loin que son modèle ; son originalité et sa bouffonnerie ne sont souvent que de l’extravagance et du dévergondage. Les lecteurs que le cynisme ne rebute pas apprendront de lui qu’à Lubeck, deux siècles avant la publication de la doctrine de Malthus, on avait senti le danger d’une population toujours croissante, et qu’on avait trouvé un moyen efficace pour imposer à la classe indigente la contrainte morale que recommande le publiciste anglais. On a encore de cet auteur :

*Aventures d’Ali-el-Moselan (Nicolas Flamel), surnommé dans ses conquêtes Slomnal, calife de Tepisone (Pontoise), au pays de Sterplie (à sept lieues de Paris), trad. de l’arabe de Rabi-el-Ulloe de Deon (Beroalde de Verville), in-12, 1582. — *Aventures de Floride, où l’on voit les différents événements d’amour, de fortune et d’honneur, 2 vol. in-12, 1594. — *Le Cabinet de Minerve (cinquième partie des Aventures de Floride), auquel sont plusieurs singularités, figures, tableaux antiques, observations amoureuses, etc., in-12, 1595. — *L’Infante déterminée, qui est le quatrième livre des Aventures de Floride, in-12, 1596. — Les Amours d’Esionne, où se voient les hasards des armes, les jalousies, désespoir, espérances, changements et passions que les succès balancent par la vertu, in-12, 1597. — Discours du songe de Polyphile, trad. en français, in-fol, 1600. — Voyage des princes fortunés, in-8, 1610.

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BERTHOUD (S. Henri).


LA SŒUR DE LAIT DU VICAIRE, histoire de province, in-8, 1832. — Le roman de M. Henri Berthoud devait d’abord s’intituler Bah !… et il eût à merveille justifié son titre ; car c’est l’exclamation des froids égoïstes, des âmes desséchées, en présence d’une souffrance morale et d’une lente agonie. M. Berthoud offre une scène d’intérieur, une scène en Flandre, un mari trompé. Ici on voit une femme sacrifiée comme tant d’autres, une femme délaissée pour l’estaminet, une femme non comprise par l’intelligence étroite qu’un prêtre a mise en rapport avec la sienne… Un peintre se présente : Caroline l’a connu ; Dieu sait la résistance qu’oppose Mme Fremont ; enfin Léopold triomphe, et tout à coup, lorsque l’amour de sa maîtresse n’a fait qu’augmenter, il la laisse là pour une brillante actrice. Il s’abandonne à une vie toute de dissipation, de débauche enivrante ; et quand sa victime, qui a perdu pour lui son enfant, sa mère, son honneur, l’estime de son mari, quand la désolée Caroline se traîne jusque chez le peintre pour implorer de lui un dernier regard, un adieu, un pressement de main… il la voit de sang-froid agonisante, et dit : Bah !… Caroline se brise et meure. — Cette production, tracée sous l’inspiration de la mélancolie, offre une fable toute palpitante d’intérêt. Il y a cependant quelques chapitres oiseux : l’action est trop simple, et se ressent trop de l’habitude qu’a l’auteur de publier, dans les journaux, des contes délicieux, mais courts.

L’HONNÊTE HOMME, un vol. in-8, 1837. — Dans cet ouvrage,