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vingt-dix-neuf centièmes de la population ignorent quelle est la nature de cette force motrice qui nous contraint à marcher droit dans le chemin de l’obéissance. C’est une étude à faire : soyons moutons, je le veux bien ; marchons docilement et en troupeaux, puisqu’il y a nécessité à produire de la laine, surtout puisqu’il faut paître, et paître seulement dans les champs ; mais moutons observateurs, sachons au moins quelle longueur ont les houlettes de nos bergers, quand et pourquoi ils lancent sur nous leurs chiens dévoués ; et, s’il est de notre destinée d’être tondus, apprenons du moins l’art de brouter opportunément et de bêler à propos. » Cette citation, en donnant une idée du style de M. Ymbert, indique en même temps le but qu’il s’est proposé. Son livre ne nous donne toutefois qu’une connaissance superficielle de l’administration ; mais en revanche il nous offre une collection très-divertissante de ridicules administratifs. Son style, toujours ingénieux et piquant, sait féconder les matières les plus arides ; partout il unit l’élégance à la correction, la pureté de goût à la vivacité du trait ; aussi est-il difficile à ceux qui commencent de lire l’ouvrage, de le quitter avant d’être arrivé au dernier feuillet.

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ZSCHOKKE, historien et romancier suisse.


LE GALÉRIEN, traduit de l’allemand par MM. Theil et Garnier, 2 vol. in-12, 1829. — Cet ouvrage est comme divisé en deux parties. La première offre, dans un dialogue, une discussion fort intéressante et d’un ordre d’idées très-relevé, sur la grande question de notre nature, sur la destinée de l’homme et les questions qui s’y rattachent, celles du devoir, du bonheur, etc. L’autorité qui résout ces questions est un pauvre galérien mort de vieillesse et d’épuisement au bagne de Toulon. L’histoire de ce singulier interprète des hautes spéculations de la philosophie et de la morale est le sujet de la seconde partie du livre, où l’on trouvera, dans la peinture des passions, cette sorte de grâce native et de pureté mystique particulières à l’imagination allemande, et qui prêtent tant de charmes aux compositions de Zschokke.

LE GIESBACH, scènes de la vie, trad. par J. Lapierre, 4 vol. in-12, 1831. — Ce livre renferme sept nouvelles. — La nécessité de remédier sur-le-champ aux plus petits accidents, de réprimer à leur naissance nos moindres penchants vicieux afin d’arrêter leur développement, est la leçon de morale cachée sous l’histoire du Trou au coude. — La Jambe est l’aventure d’un pauvre Anglais qui, amoureux d’une jeune personne privée d’une jambe, s’en vint à Calais, et, le pistolet au poing, obligea un chirurgien à lui faire