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cèdent ; mais une fois Marianne attend une nuit son amant qui ne vient pas. Enfin, au point du jour il arrive, pâle, défait. La jalousie de Marianne s’éveille ; elle pleure, elle gémit. Enfin, pour la calmer, le jeune diplomate lui avoue que le prince de Cellamare, ayant des dépêches du plus haut intérêt à faire copier, puisqu’il s’agissait d’attaquer la régence, l’avait retenu dans son cabinet toute la nuit ; Marianne le croit et oublie ses soupçons. Mais les amants n’étaient pas seuls ; la Fillon écoutait à la porte. Elle court chez Dubois ; la conspiration est découverte ; les conspirateurs sont arrêtés, et… Mais cette histoire si vraie, si prouvée, est partout si romanesque, que nous ne voulons pas la déflorer, pour laisser au moins au lecteur le plaisir de lire le dénoûment dans le livre.

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VERNES DE LUZE, né à Genève.


LE VOYAGEUR SENTIMENTAL, ou ma promenade à Yverdun, in-8, 1786. — Le style de cet ouvrage rappelle, à s’y méprendre, la manière de Sterne ; l’épître dédicatoire, l’histoire du mouton, celle de Rose, du petit écu, du béquillard, de Henri et de l’aveugle sont dignes de la plume de l’auteur de Tristram, ainsi que la double inscription sur la porte du cimetière. Quarante ans après sa première promenade, l’auteur eut occasion de faire une seconde fois le même voyage, et de mettre en quelque sorte l’adolescent aux prises avec l’homme de soixante ans. Ce début promettait, et l’on devait s’attendre à trouver dans le second voyage des passages présentant des contrastes piquants avec les scènes du premier ; mais le lecteur est trompé dans son attente : à la place de sensations qu’il se préparait à partager, il ne trouve que de longues réflexions et de froids raisonnements, triste fruit peut-être d’une disposition naturelle à la vieillesse, qui calcule tout, jusqu’au plaisir.

ADÉLAÏDE DE CLARENCÉ, ou les Malheurs et les délices du sentiment, 2 vol. in-8, 1796. — Adélaïde est fille d’un des premiers citoyens de Genève, entiché d’aristocratie, qui refuse de consentir à l’union de sa fille avec le chef d’un parti opposé au sien. Tout l’ouvrage roule sur les combats de l’amour avec la piété filiale. M. de Clarencé aime beaucoup sa fille ; mais il tient invariablement à ses opinions. Adélaïde respecte et chérit son père, mais elle aime avec passion. Elle résiste cependant aux séductions de l’amour, ainsi qu’à la force de l’autorité paternelle ; elle reste fille vertueuse et refuse constamment l’époux qu’on veut lui donner. Enfin, réduite au désespoir, elle se précipite dans l’Arve et y périt.