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mes. La Bohême avait précédé Luther dans sa révolte contre l’Église catholique, par Jean Huss et Jérôme de Prague ; après de longues années d’une lutte acharnée, les Bohêmes étaient parvenus à faire respecter leur confession, lorsqu’au commencement du XVIIIe siècle l’Autriche et les princes catholiques entreprirent de révoquer leurs concessions et d’étouffer la réforme. La Bohême se souleva et fut encore la première à prendre les armes. Le roman met en scène cette grande lutte, les partis catholique et réformé avec toutes leurs nuances ; l’auteur décrit les coutumes du pays et nous transporte au milieu des assemblées publiques. Il a cherché à résumer et à concentrer l’intérêt dans l’héroïne du livre, Catherine, comtesse de Schlinck, épouse du baron de Raedern. Catherine rêve l’affranchissement de son pays. Après la mort de son époux, elle se laisse entraîner à aimer un inconnu, le jeune Wenzel, qui lui-même est passionnément amoureux de la comtesse. Elle décide son amant à travailler avec elle à la liberté de la Bohême ; et, unissant leurs efforts, ils parviennent à organiser un parti, qui bientôt est assez fort pour prendre les armes et attaquer Rodolphe II, qui, au milieu des dangers dont il est menacé, s’occupe d’alchimie et d’astronomie. Ce Rodolphe avait eu plusieurs enfants naturels, qu’il faisait étouffer, pour n’être pas embarrassé de leurs prétentions. Un d’eux avait échappé à la cruauté de son père ; c’est précisément Wenzel. Ayant forcé le château à la tête des révoltés, il arrive jusqu’à l’empereur qu’il menace de la mort, quand celui-ci le reconnaît pour son fils. Catherine triomphe d’avoir un amant du sang royal et forme l’ambitieux projet de le faire reconnaître par Rodolphe comme son héritier ; mais la mort de l’empereur fit avorter ce plan. Dans la dispute pour la succession de Rodolphe, Ferdinand II se rendit maître de Prague et du trône ; Wenzel périt dans une bataille ; tous les principaux conjurés furent décapités, et Catherine s’exila pour ne pas contempler l’esclavage de sa patrie. La Bohême perdit sa nationalité ; elle devint ce qu’elle est encore aujourd’hui, une véritable province exploitée à discrétion par l’Autriche, un royaume nominal dont le roi réside à Vienne.

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THIERRY (Mme  Augustin).


SCÈNES DE MŒURS ET DE CARACTÈRES AU XVIIIe ET AU XIXe SIÈCLE, in-8, 1835. — Sous ce titre, Mlle  Augustin Thierry nous raconte, avec un sentiment très-fin du caractère des deux époques, quelques épisodes de la vie privée et publique de nos ancêtres et de nos contemporains. L’histoire et certaines traditions locales lui