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Chroniques franc-comtoises, 2 vol. in-12, 1831. — Nouvelles Chroniques franc-comtoises, in-8, 1833. — Historiettes et Conversations morales, in-12, 1834.

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TERRASSON (l’abbé Jean),
de l’Académie des sciences, né à Lyon en 1670, mort le 15 sept. 1750.


*SÉTHOS, Histoire ou vie tirée des monuments, anecdotes, de l’ancienne Égypte, 3 vol. in-12, 1731. — Le roman de Séthos est regardé comme une imitation de Télémaque. Le rapport le plus réel qui existe entre les deux ouvrages, consiste en ce que, dans l’un et dans l’autre, un jeune prince, éloigné du pays où il doit régner un jour, parcourt beaucoup de contrées, s’instruit dans la science des lois et des mœurs, signale en tous lieux sa sagesse et son courage, et rentre enfin dans sa patrie, orné de toutes les connaissances, de toutes les vertus qui peuvent faire un grand roi ; mais cette ressemblance du fond disparaît sous la multitude des différences qu’offrent le tissu des événements, la description des lieux, et la peinture des caractères. Voici en quelques mots une idée du sujet.

Séthos, fils du roi de Memphis, est en butte à la haine d’une marâtre, maîtresse absolue de l’esprit de son père. Après avoir été initié aux mystères d’Isis, et avoir acquis par là une science et une sagesse supérieure à son âge, il va, comme volontaire, défendre son pays dont on attaquait les frontières. Dans une affaire de nuit, il est blessé et laissé pour mort par les siens : des soldats ennemis s’emparent de lui, le conduisent à un port de la mer Rouge, et l’y vendent à des Phéniciens, qui l’emmènent à leur suite dans une expédition maritime. Esclave et caché sous le nom de Chères, simple soldat égyptien, il fait des prodiges de valeur, rétablit la paix entre la Phénicie et la Taprobane, et, pour prix de ce service, obtient des deux puissances le commandement d’une flotte, avec laquelle il fait le tour de l’Afrique, où il fonde des établissements et répand les bienfaits de la civilisation. Il visite ensuite le fameux pays des Atlantes, et se rend de là à Carthage qu’il sauve de sa ruine. Ayant ainsi rempli l’univers du bruit de ses exploits et de sa sagesse, il retourne en Égypte, se fait reconnaître, et met le comble à son héroïsme en cédant son trône à l’un des fils de sa marâtre, et à l’autre sa maîtresse, dont il ne pouvait faire son épouse sans porter atteinte à sa gloire.

Toute cette fable est intéressante et bien conduite ; il y règne une brillante et sage imagination : le portrait de la reine d’Égypte, en forme d’oraison funèbre, est un portrait que Tacite eût admiré, dont Platon eût conseillé la lecture à tous les rois. La valeur et la générosité du héros ont quelque chose de prodigieux et