Page:Revue des Romans (1839).djvu/736

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous le titre de Ladislas, ou Suite des mémoires de la famille de Revel.

LA COMTESSE DE FARGY, 4 vol. in-12, 1822. — L’action de ce roman se passe au temps de la régence. La comtesse de Fargy, victime d’un mari qui s’est précipité dans toutes les illusions du système de Law, voit s’anéantir en peu de jours sa fortune et son bonheur domestique. De son côté, le joueur malheureux ne peut supporter ses revers  : sa raison s’altère ; il faut le séparer du monde ou craindre pour la raison de son fils, spectateur habitué de ses accès frénétiques. Mais comment décider ce fils vertueux à un tel abandon ! Dans cette situation singulière, Mme de Fargy se décide à tromper son fils pour l’affranchir d’un devoir si dangereux à remplir. Elle lui déclare qu’il ne tient que par les liens de l’adoption et de l’amitié à une famille qu’il croyait être la sienne. De là, la dispersion de cette famille, pour laquelle la jeune Blanche est un ange consolateur. C’est au couvent que Mme de Fargy s’est retirée pour y attendre la guérison de son mari ; c’est là que, vaincue par les tendres attentions de la jeune Blanche, elle se lie avec elle. Rien de plus intéressant que la description de son arrivée dans un couvent ; l’auteur excelle à peindre ces légers incidents, ces petits détails si peu importants aux yeux des gens du monde, mais qui varient et composent toute la vie d’une recluse. La combinaison un peu bizarre sur laquelle porte l’ouvrage, est la source d’un intérêt de curiosité très-vif. Dès les premières pages, l’auteur laisse entrevoir un mystère dont la découverte se fait longtemps attendre ; mais les scènes intéressantes qui préparent cette découverte, le caractère charmant de Blanche, les combats secrets du jeune Fargy, qui n’ose se livrer à son penchant pour elle, parce qu’il ne se croit pas d’un rang égal au sien ; enfin, la variété des personnages qui concourent à l’action, trompe l’impatience sans affaiblir la curiosité. La partie de l’ouvrage dans laquelle Mme de Souza a si bien retracé les frénétiques fureurs des agioteurs de toutes les classes, qui vendaient leurs terres, leurs bijoux, pour les échanger contre des morceaux de papier de la banque de Law, l’activité dévorante des joueurs, le néant de leurs espérances, leurs courtes joies, leurs longs malheurs, est écrite avec beaucoup d’énergie ; c’est l’ombre du gracieux tableau que présentent les amours de Blanche avec le jeune Fargy.

MADEMOISELLE DE TOURNON, 2 vol. in-12, 1820. — Hélène de Tournon était la seconde fille de madame de Tournon, alliée à la reine Catherine de Médicis, et dame d’honneur de Marguerite de Valois. Après le mariage de sa sœur avec M. de Balançon, Hélène la suivit avec son mari dans un château qu’ils allèrent habiter près de Namur, et où l’on attendait M. Auguste de Vorambon,