Page:Revue des Romans (1839).djvu/727

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais de mauvais conseil. Puis une Mme Brémont, marraine hypocrite comme l’étiquette, qui ferme sa porte au moindre bruit équivoque, et laisse sa pupille sans appui. À ces femmes se joint un de ces jeunes gens qui courent les jouissances sans s’enivrer, despote avec les courtisanes, chevaleresque en amour, le voisinage le plus dangereux pour une femme trahie par son mari. Enfin, sur le tout plane le Méphistophélès du roman, Camisard le conseiller d’État, dévoué à la restauration et que la révolution emploie : il fut l’amant de Mme Brémont, et convoita son héritage ; il fut le tuteur d’Alicia, et il lui fit violence pendant son sommeil ; il aime maintenant Mme de Lubois, et pour la réduire à accepter sa protection, il cherche à tuer Maurice, l’amant chevaleresque, par le mari, se réservant de consommer la ruine de celui-ci pour rester maître du terrain. Le plan ne s’accomplit cependant qu’à moitié. Maurice survit au duel ; de Lubois s’expatrie ; Camille, arrachée au suicide et au besoin par la générosité de Maurice, fait le sacrifice de son honneur, et part avec lui pour l’Italie. — Il y a des scènes d’un effet puissant dans le Conseiller d’État. Cependant l’action languit, parce qu’il y a trois ou quatre actions principales dont aucune n’est dominante.

DEUX SÉJOURS, Province et Paris, 2 vol. in-8, 1836. — Dans le premier de ces deux volumes, M. Soulié, tout en racontant les épisodes de ses excursions dans l’Ariége, le Languedoc et la Bretagne, décrit les mœurs et retrace l’histoire des contrées qu’il parcourt. Le château de Montfilhon, les souvenirs de l’Ariége, et la visite fiscale dans la Mayenne, forment trois chapitres, où de piquantes anecdotes, répandues avec profusion, s’unissent au charme de la description. Le second volume se compose de tableaux de mœurs parisiennes, précédés d’une dramatique nouvelle, dont le théâtre est l’école de droit de Poitiers. Viennent ensuite les existences problématiques, où l’auteur passe en revue tout le côté équivoque de la société, du haut en bas de l’échelle ; la Bourse, les marchands de nouveautés, et les théâtres de Paris, morceaux remarquables par la justesse des critiques et la vérité des appréciations.

ROMANS HISTORIQUES DU LANGUEDOC, 2 vol. in-8, 1836. — Ces romans historiques remontent aux premiers temps historiques du Languedoc, et se divisent en quatre époques, sous les quatre titres de Celtes, Gaulois, Romains et Chrétiens. Au temps des Celtes, les ténèbres de la barbarie ne sont pas encore dissipées ; les peuples obéissent au fanatisme religieux et au fanatisme guerrier ; ils ne connaissent d’autre droit que celui de la force, et les druides exploitent largement leur brutale et crédule croyance. Cette période se termine par une alliance que fait Ambigat, roi