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sous le titre de grand prévôt, exerçait auprès du roi les fonctions de bourreau. À côté du duc d’Orléans, prince loyal et brave, figurent Dunois, fils de celui qui combattait sous Jeanne d’Arc ; la timide Jeanne de France, l’orgueilleuse dame de Beaujeu. Du côté opposé, sont groupés autour de Charles le Téméraire le marquis d’Imbecaut, le comte de Crèvecœur, Philippe de Comines, puis une foule de personnages subalternes qui occupent le fond du tableau, et qui sont tous également bien saisis.

PÉVERIL DU PIC, trad. par Defauconpret, 5 vol. in-12, 1823. — La cour de Charles II, théâtre d’intrigues et de corruption, est représentée dans ce roman avec beaucoup de talent. Les mœurs dissolues des cavaliers, le rigorisme affecté des Puritains, dont la vieille haine se ranime à chaque occasion ; leurs menées, leurs complots ; l’effroi insensé répandu dans la nation anglaise par la prétendue conspiration des Papistes ; la partialité des magistrats qui prononcent au gré des passions du moment ; ce malaise général, cette fermentation intérieure qui annoncent de loin une cruelle révolution : tels sont les principaux traits que Walter Scott a empruntés à l’histoire de l’époque où se passe l’action de ce roman, et qu’il a reproduite dans sa fiction avec une grande vérité. Les personnages de Charles II, et de son favori Buckingham particulièrement, sont des figures tout à fait vivantes ; celui de Fénella a quelque chose de si aérien, de si gracieux, qu’il fait oublier le motif pour lequel cet être délicat s’impose une aussi cruelle privation. Quelle femme que cette comtesse de Derby, qui, à son retour d’exil dans l’île de Man, dont elle est souveraine, fait fusiller le malheureux Christian, malgré l’amnistie, pour venger la mort de son époux, victime de son dévouement pour Charles Ier ! Quel caractère atroce que celui de Ned-Christian ! Quel fanatique que ce Bridgenorth !

LES EAUX DE SAINT-RONAN, traduit par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1824. — Près d’un ancien village d’Écosse, dont l’auteur n’indique pas la position précise, la découverte d’une source d’eaux minérales, mise à la mode par la guérison d’une vaporeuse lady, a rassemblé force originaux. Au milieu de cette société, qui a choisi le village de Saint-Ronan pour le théâtre de ses folles prétentions et de ses ridicules amusements, l’auteur amène les personnages les plus romanesques, une Nina, un Lovelace, un Grandisson, une sorte d’Homme gris. La nature singulière de leurs aventures, le mystère qui les enveloppe, la catastrophe tragique qu’elles amènent, forment un contraste bizarre avec les habitudes prosaïques que conserve, dans sa manière d’être, la colonie de Saint-Ronan, en dépit de tous ses efforts pour s’élever à la poésie. Des ridicules bien saisis, des traits de mœurs et de