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quant aux personnages, mais la représentation d’une époque historique très-intéressante, et dont la peinture a cet attrait romanesque qui attache si vivement dans l’histoire des guerres civiles. Celle des Puritains eut lieu sous Charles II. Les Presbytériens ou Puritains, secte déjà ancienne, mais dont le protectorat de Cromwell et la tendance générale de l’esprit de la nation vers les abstractions mystiques, avaient encore exalté le fanatisme, égorgèrent dans une insurrection le primat écossais. Ce crime, qui les plaça tout à fait hors de l’ordre social, fit de leur secte une armée peu nombreuse, mais redoutable, car elle avait la religion pour prétexte. On sent quel parti un écrivain exercé peut tirer de cette position de choses, pour animer un récit de tout l’intérêt de l’histoire, en choisissant ses héros dans les rangs des factions opposées. La guerre des Puritains offre d’ailleurs un côté extrêmement comique, qui permet au romancier de varier, de contraster ses couleurs assez brusquement. L’auteur n’a pas négligé ce moyen de divertir ses lecteurs à des intervalles assez rapprochés, sans manquer aux convenances de son sujet. C’est une idée fort heureuse que d’avoir commencé son roman par une revue que le gouvernement a ordonnée dans l’intention de rapprocher les jeunes gens des différents partis, et d’en faire ressortir son exposition ; tous les personnages sont peints dans ce tableau, tous les détails y sont exprimés avec une perfection rare, avec un mérite d’exécution qui annonce avantageusement l’ouvrage.

Nous avons dit que le roman débutait par une revue : toutes les dames qui ne se piquaient pas d’être rigoureusement asservies aux dogmes sévères du puritanisme, s’étaient empressés d’y assister. Parmi elles, on distinguait lady Marguerite Bellenden et sa petite-fille, la jeune et belle Edith. Au nombre des jeunes gens qui brillaient à cette revue et qui essayaient d’attirer l’attention d’Edith, on distinguait lord Evendale et Henri Morton, tous deux jeunes, braves et nobles, tous deux épris d’Edith, mais suivant un parti politique différent. C’est sur ces quatre personnages que l’auteur a particulièrement appelé l’intérêt de ses lecteurs ; mais une foule d’autres personnages secondaires agissent autour d’eux : soit que la scène, qui change avec les événements de la guerre, se passe dans la forteresse de Tillietudlem, dans le camp où les troupes royales se préparent à la victoire, dans les lieux retirés où s’assemblaient les Puritains, soit que l’auteur la transporte dans le château paternel du jeune Morton, au milieu des montagnes où se cachent les assassins de l’archevêque, on les voit, on les entend, on assiste à leurs conversations. Le caractère noble et touchant d’Edith ; la passion respectueuse et désintéressée qu’a pour elle le jeune Morton ; les obstacles qu’éprouve l’union des deux