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et tue sa femme, qui est vengée à l’instant même par son amant. Robert, accablé de douleur, après avoir fait craindre pour sa raison et pour sa vie, s’enferme dans le couvent de Cluny, où il finit par se faire religieux. — Le sujet, dont nous ne faisons qu’indiquer les masses principales, a été traité par l’auteur avec beaucoup d’art et de délicatesse. Sous les sombres voûtes de l’abbaye de Saint-Paul, apparaissent des figures admirables de candeur, de simplicité et d’expression ; il y en a deux surtout, éminemment belles et saillantes : celle de l’abbé du couvent, et celle du bibliothécaire Ambroise. Quelques personnages épisodiques assez habilement placés, contribuent aussi à accroître l’intérêt, et à compléter le tableau de l’état de la société à l’époque du XIVe siècle.

RAOUL, ou l’Énéide, 2 vol. in-12, 1831. — L’histoire de Raoul est fort simple : c’est celle d’un bon jeune homme qui, à force de travail et de patience, surmonte toutes les difficultés de la vie, une à une, comme on gravit les échelons d’une haute échelle. Mais s’il doit beaucoup à son zèle industrieux, il doit aussi beaucoup à un Virgile Elzevier que lui a donné le père d’un de ses élèves, et qui lui procure l’occasion de faire connaissance avec son premier patron. Grâce à ce Virgile, Raoul entre dans une maison de banque où il fait fortune ; grâce encore à ce Virgile, il retrouve une jeune et malheureuse fille qu’il épouse, lui riche millionnaire. Là est tout l’intérêt de ce roman, plein d’idées douces et attachantes, et d’esprit d’observation.

LES FLAVY, 3 vol. in-8, 1838. — Le drame de ce roman commence en 1429, dans la ville de Compiègne, qui est alors en la puissance des Anglais, et où l’on va pendre deux maraudeurs, dont l’un est sauvé de la corde par Regnault de Flavy, son frère de lait. Les deux jeunes gens, si heureusement réunis, vont gagner à travers la forêt le vieux château de Vert-Bois, ancienne demeure des Flavy, maison autrefois opulente et honorée, aujourd’hui désolée et ruinée par les guerres civiles. Dans les ruines de ce vieux manoir, se cachent des femmes tremblantes, l’aïeule des Flavy, et ses deux petites-filles, Germaine et Marie, pauvres enfants qui sont désormais l’appui de la vieille grand’mère. Aux genoux de sa vieille aïeule, Regnault oublie un instant la guerre civile, il est tout entier à ce tendre bonheur de respirer sous le toit domestique : de leur côté, les deux jeunes filles, en retrouvant leur cousin, se souviennent de leurs beaux jours d’enfance à l’air libre et pur, quand elles couraient échevelées à travers la forêt, poursuivies par le jeune Regnault comme le faon timide est poursuivi par le chasseur : la peinture de ce tableau d’intérieur est d’une grande délicatesse. Tout à coup apparaît Guil-