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critique aussi ingénieuse qu’agréable. Cependant, le plus joli de tous ces contes est sans contredit le dernier de tous, intitulé : le Nécessaire et le Superflu ; il serait difficile de trouver une petite histoire plus charmante, plus morale et plus vraie. Nous n’en dirons point le sujet, afin de laisser au lecteur l’agrément de la surprise, et à ceux qui ne se font point d’illusions sur les faiblesses humaines, le plaisir non moins vif de se reconnaître dans une peinture bien faite des inconséquences de notre cœur.

On a encore de cet auteur : Contes nouveaux et Nouvelles nouvelles, 4 vol. in-18, 1813. — Bardoue, ou le Pâtre du mont Taurus, 2 vol. in-18, 1814.

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SARTORY (Mme de), née Wimpffen.


MADEMOISELLE DE LUYNES, nouvelle historique, in-12, 1817. — L’héroïne qui donne son nom à ce roman réunit, suivant l’usage, tous les charmes et toutes les qualités. Fille d’un des grands seigneurs de la cour de Louis XVI, elle se voit mariée, dans la fraîcheur de sa jeunesse, au jeune comte de Verrue, que d’éminentes fonctions attachent au duc de Savoie. Le comte, quoique épris des charmes de son épouse, n’a pas le mérite d’apprécier le trésor dont son mariage l’a rendu possesseur ; il ne songe pas un seul instant à lui demander ni à lui tenir compte des avantages qu’elle a reçus de la nature par le don d’une âme élevée, sensible, capable du plus beau dévouement et des plus rares sacrifices. En butte aux attaques des plus beaux et des plus aimables seigneurs de la cour, elle sait les tenir à une distance assez respectueuse pour ne rien avoir à craindre de leur passion. Trop modeste pour compter sur elle-même, elle prend conseil de son mari sur la manière dont elle doit se conduire envers ceux qui éprouvent le pouvoir de ses charmes ; celui-ci l’engage à rester à la cour, à assister à toutes les fêtes, à s’exposer sans crainte aux milles hasards que la vertu court dans ce pays des intrigues et des chutes. Assurément, si la jeune femme succombe, il n’y aura pas de faute ; qu’aura-t-elle à se reprocher si, après avoir dit et répété à son époux que le jeune duc de Savoie a une âme sensible et lui tient des propos galants, on la force de continuer à entendre ces propos, et à mettre la sensibilité de cette âme à des épreuves aussi dangereuses pour un beau prince que pour une jolie femme ? Cependant Mme  de Verrue ne compose point avec son honneur ; elle renouvelle sans succès ses instances pour fuir à chaque tentative du prince pour la séduire. Non content de la laisser exposée à toutes sortes de séductions, son mari se jette dans les bras d’une coquette, et ses désordres font tant de bruit que la comtesse elle-même en est instruite. Quelle position glissante ! Délaissée par un