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pleure sans regret, comme on pleurerait un père, un ami ! Il lui écrit qu’il va se mettre en route pour son château, il lui parle de son prochain retour, lui donne quelques détails, quelques ordres insignifiants, puis, après toutes ces précautions prises, il va se promener sur les glaciers du Tyrol, et se laisse couler au fond d’une fissure.

SIMON, in-8, 1836. — Simon est un jeune homme ambitieux et ardent, doué d’une imagination plutôt maladive que puissante. Il aspire à sortir de la position obscure où l’a placé la nature ; il y travaille et y parvient en effet ; mais arrivé par des études persévérantes à côté de ce que le barreau compte de plus illustre, il se lamente sur l’inutilité de ses efforts pour monter plus haut, se consume en rêveries égoïstes, et dépense tout ce qu’il a de vigueur dans l’âme à bâtir mille chimères inutiles, que sa mollesse l’empêchera même de poursuivre. Autant Simon est efféminé et rêveur, autant la Vénitienne Fiamma est impétueuse et virile ; elle aime l’action, le bruit, les courses à cheval, les plaisirs où il y a quelque péril à craindre ; il n’est pas de volonté si obstinée qui ne plie sous la sienne, pas d’obstacle terrible qui ne disparaisse devant un regard de ses yeux. On voit la distance immense qui sépare Simon de Fiamma, on voit qu’entre ces deux caractères il n’y a point de comparaison possible ; telles sont pourtant les deux âmes que l’auteur a inventées l’une pour l’autre. — La pensée de ce livre est que le mariage, pour être bien compris, pour offrir les chances d’un bonheur durable, doit n’être que le résultat d’une sympathie réciproque. Pour que deux êtres qui s’unissent ensemble puissent raisonnablement attendre un avenir sans larmes, il faut qu’ils se soient longtemps aimés en silence et sans espoir ; il faut que l’époux, semblable à Simon, ait regardé longtemps comme irréalisables les rêves de sa passion ; il faut que l’épouse, semblable à Fiamma, ait mille fois désespéré d’appartenir à celui qu’elle aime. Alors seulement, en voyant tomber devant leur persévérance les barrières que la société élevait entre eux, les amants comprendront ce qu’ils se doivent l’un à l’autre de dévouement fidèle, et deviendront des époux accomplis.

Nous sommes fâché de faire observer que la plupart des unions de ce genre offrent peu de garantie de félicité ; l’ivresse n’est pas de longue durée, bientôt vient la satiété, et à sa suite la tristesse, l’impatience dissimulée, et l’ennui auquel la passion la plus forte ne peut résister. L’auteur nous paraît donc avoir le tort de vouloir fonder uniquement la fixité du bonheur sur ce qu’en général il y a de plus mobile au monde, les passions du cœur.

Nous connaissons encore de cet auteur : Rose et Blanche (2e éd.), 2 vol. in-8, 1833 (avec M. J. Sandeau). — Leone Leoni, in-8, 1835. — André, in-8, 1835. — La Mar-