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dant d’Eden à Jérusalem, l’escorte de Godefroy est attaquée par le terrible Ben-Nesser, qui reconnaît sa fille, et qui, au moment où elle implore le secours de son époux, la perce de sa lance en s’écriant : Périsse ainsi toute fille rebelle à son père ! Godefroy revient en France avec Nèila ; mais avant de s’embarquer il détermine les chevaliers du Temple à recevoir dans leur ordre Hildéric, fils de Théobald. Nèila est enfermée dans un cloître, où on entreprend de faire violence à son aversion pour la vie monastique. Cependant Hildéric, auquel elle avait inspiré une vive passion, est envoyé en France pour les affaires de son ordre ; il enlève Nèila de la prison où elle était retenue. Godefroy, averti de la fuite de sa fille, se met à sa poursuite, attaque Hildéric, et est prêt à lui percer le sein, lorsque Nèila se précipite au-devant du coup, et sauve son amant en périssant elle-même. — Ce roman est, d’un bout à l’autre, rempli d’intérêt et de charmes ; la composition en est savante et éminemment pathétique.

Enguérand de Balco, nouvelle d’une centaine de pages, est une des plus agréables productions du genre, et suffirait seule à la réputation d’un écrivain.

On doit encore à cet auteur : *Un Pot sans couvercle et rien dedans, in-8, 1799.

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SAND
(Mme Dudevant, plus connue sous les pseudonyme de Georges).


VALENTINE, 2 vol. in-8, 1832. — Valentine est l’œuvre d’une femme qui a retracé dans ce roman, avec une vigueur jusqu’alors inconnue dans ce genre d’écrits frivoles, les souffrances de la femme que la société condamne à consumer ses jours dans un lien où ni les âges ni les caractères n’ont été assortis, et où l’amour ni l’affection n’ont jamais rendu le devoir facile ; c’est une censure hyperbolique du mariage, mais pleine de charmes, d’intérêt et de poésie. — Deux riches cultivateurs sont retirés dans une ferme de Grangeneuve, avec leur fille Athénaïs, grande et belle personne à laquelle ils ont donné une brillante éducation ; sous le même toit demeure aussi leur neveu Bénédict, auquel les bons fermiers destinent leur fille ; mais celui-ci croit aimer une femme assez mystérieuse, recueillie à la ferme, et qu’on nomme Louise. Cette femme est venue habiter Grangeneuve pour se rapprocher du château de Raimbaut où elle est née, et dont une faute irréparable l’a pour jamais exilée. Louise n’a plus qu’une affection qui la ramène près du château paternel, elle veut revoir Valentine sa jeune sœur. Bénédict leur ménage une entrevue à la ferme, et Valentine en retrouve facilement le