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des lecteurs le plus léger doute sur la continuation de la félicité champêtre du héros. C’est à cette heureuse conclusion que se terminaient dans le principe les aventures de Gilblas. Mais la popularité toujours croissante de l’ouvrage engagea le Sage à y ajouter un quatrième volume, dans lequel on voit Gilblas sortir de sa retraite pour affronter de nouveau les écueils de la vie et des cours. Cette continuation a le défaut ordinaire de toutes les suites ; elle est maladroitement liée à la première partie, et écrite évidemment avec moins de vigueur et d’originalité. L’accueil qu’elle reçut du public, au dire de l’Essai sur le Goût, ressemble à l’admiration qu’excite une beauté déjà sur le retour, et dont les traits sont encore les mêmes, quoique le temps en ait fané la fraîcheur et l’éclat.

AVENTURES DE M. ROBERT CHEVALIER, DIT DE BAUCHÊNE, capitaine de flibustiers dans la Nouvelle-France, 2 vol. in-12, 1732. — Le Sage prétend avoir obtenu les matériaux de cet ouvrage qui ne fut jamais achevé, de la veuve de M. de Bauchêne, célèbre corsaire de cette époque dans les mers des Antilles. Le caractère franc et à demi civilisé du marin aventurier est fortement dessiné ; mais il paraît que l’auteur trouva sa tâche pénible, si l’on en juge par le grand nombre d’épisodes qu’il a entés sur le récit principal.

HISTOIRE D’ESTIVANILLE GONZALÈS, surnommé le Garçon de bonne humeur, 2 vol. in-12, 1734. — C’est une imitation de l’Estivanillero de Vincentio Espinel, qui n’a rien ajouté à la réputation de le Sage. Ce roman, modelé sur Gilblas, en rappelle parfois la gaieté, l’esprit et les situations ; cependant, il est moins varié, moins fortement dessiné, et les deux dernières parties sont fort inférieures aux précédentes.

LE BACHELIER DE SALAMANQUE, ou les Mémoires de don Chérubin de la Ronda, tirés d’un manuscrit espagnol, 2 vol. in-12, 1736. — Comparé à ses deux premiers ouvrages, le Bachelier de Salamanque est une faible production, où l’on trouve cependant plusieurs morceaux remarquables. La scène, par exemple, où il montre Carambola, employé à endormir par sa lecture un membre du conseil des Indes qui s’éveille impitoyablement toutes les fois que le lecteur s’arrête un instant pour se rafraîchir, ne dépasserait point les récits d’Asmodée lui-même ; mais le bachelier est un insignifiant personnage, comparé aux autres héros du roman de le Sage. On retrouve toutefois dans ce roman cette marche simple, ce style dégagé de sentences et de prétentions qui caractérise l’auteur.

*LA VALISE RETROUVÉE, 2 parties in-12, 1740. — Dans un cadre assez simple, le Sage a renfermé une trentaine de lettres qu’il