Page:Revue des Romans (1839).djvu/630

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


On doit encore à Mme Riccoboni une traduction, ou plutôt une imitation d’un roman de Fielding, intitulé Amélie. Voy. Fielding.

Séparateur

RICHARDSON (Samuel), célèbre romancier anglais, né dans le Derbyshire en 1689, mort en 1761.


PAMÉLA, ou la Vertu récompensée, trad. par l’abbé Prévost, 4 vol. in-12, 1742. — Voici comme s’exprime Richardson sur l’origine de ce roman : « Il y a environ vingt-cinq ans que j’étais lié avec un noble ami qui, hélas ! n’existe plus. Il entendit raconter une histoire semblable à celle de Paméla, dans des excursions qu’il était dans l’habitude de faire pendant l’été, accompagné d’un seul domestique. Dans toutes les auberges où il s’arrêtait, il s’informait de ce qu’il y avait à voir dans le voisinage : il s’informa particulièrement du nom du propriétaire d’une belle maison près de laquelle il avait passé à deux milles environ de l’auberge, et dont la situation lui avait plus. — C’est une belle maison, lui dit l’aubergiste. Le propriétaire, M. B…, a de belles terres dans le comté. Son histoire et celle de sa femme attirent l’attention de tous les voyageurs, bien plus que la maison et les jardins, qui valent cependant bien la peine d’être vus. La dame est une des plus belles femmes de l’Angleterre ; mais les qualités de son esprit la rendent sans égale : bienfaisante et sage, elle est aimée des grands et des petits. À l’âge de douze ans, la mère de M. B…, dame vraiment respectable, la prit en qualité de femme de chambre à cause de sa douceur, de sa modestie, et de son esprit au-dessus de son âge. Ses parents, ruinés pour avoir cautionné des amis, étaient honnêtes et pieux ; ils avaient élevé leur fille dans les meilleurs principes. Quand ils éprouvèrent leurs premiers malheurs, ils ouvrirent une petite école de village où ils étaient fort aimés ; le mari enseignait aux garçons l’écriture et les premières règles de l’arithmétique ; la femme enseignait aux filles à coudre, à tricoter et à filer : mais cela ne leur réussit pas ; et quand mistress B… prit leur fille à son service, le mari gagnait sa vie à travailler à la journée et aux travaux les plus pénibles de l’agriculture. La jeune fille, croissant tous les jours en beauté comme en modestie, et se faisant remarquer par ses bonnes manières et sa bonne conduite, fixa, à l’âge de quinze ans, l’attention du fils de la dame. C’était un jeune homme dont les principes n’étaient pas très-sévères ; et, à la mort de sa mère, il mit en œuvre tous les moyens de tentation pour séduire la jeune fille. Elle eut recours à plusieurs stratagèmes innocents pour éviter les piéges tendus à sa vertu : une fois cependant elle fut, dans son désespoir, sur le point de se noyer. Sa noble résistance, sa prudence et ses excel-