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ligence et sans vertu ; le hasard lui fait aussi connaître et adorer les charmes et l’esprit d’une fille de l’Irlande ; et Gérald Blount fait amende honorable au beau pays qu’il a si longtemps méconnu, et qu’il a enfin appris à mieux apprécier, sans cependant fermer les yeux sur la situation déplorable où l’ont plongé la tyrannie et l’injustice d’une nation rivale.

L’APOSTAT, ou la Famille Nowlau, histoire irlandaise, trad.  par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1829. — L’Apostat est à la fois un roman d’intrigue et un roman de passion. C’est une charmante composition, dont les caractères sont nettement et fortement dessinés ; l’intrigue est bien liée, quoique parfois un peu compliquée ; les situations sont neuves, pathétiques, nombreuses et bien soutenues ; enfin, la vraisemblance est assez généralement respectée.

CROHOORE NA BILHOGE, ou les White-Boys ; roman historique irlandais, traduite par Defauconpret, 3 vol. in-12, 1829. — Crohoore appartient à la famille de ce nain mystérieux que Walter Scott nous a fait connaître dans un des contes de son hôte ; il domine les autres personnages principaux du roman, dans lequel on trouve des figures et des scènes imposantes, où l’on reconnaît avec plaisir la nature prise sur le fait, et rendue avec bonheur et talent. Tel est Andy Houlohan, le frère de lait et l’inséparable compagnon du malheureux Pierce Shea, véritable héros de l’histoire ; telles sont plusieurs situations où se développe, dans le dialogue et dans le récit, le caractère gai, naïf, affectueux et enclin à la superstition, de cet enfant de la verte Irlande.

LE CANDIDAT, 2 vol. in-12, 1836. — Le Candidat est un tableau de mœurs électorales, qui retrace dans sa forme générale et dans ses moindres circonstances, une élection en Irlande. La scène s’ouvre à Londres : le vicomte de Warrington, un des plus célèbres dandys de la capitale, est vivement pressé par ses créanciers, que son père, lord Grandville, ne veut pas payer. Le jeune vicomte, pour éviter la contrainte par corps, est réduit à prendre un parti extrême. Il faut qu’il épouse une riche héritière ou qu’il entre au parlement, les membres du parlement britannique étant inviolables, même pendant l’intervalle des sessions. Le beau Warrington fait de nécessité vertu ; il consent à devenir homme d’État pour éviter la prison ; il dit adieu aux plaisirs de Londres, et part pour l’Irlande, recommandé par un ami de son père, M. Willemot, seigneur campagnard qui a une grande influence dans son comté. L’auteur nous peint avec une grande délicatesse et un naturel exquis l’intérieur de la famille Willemot ; puis vient la description de la grande bataille électorale. Après des intrigues de tout genre, de terribles vexations, nombre d’arrestations arbitraires, plusieurs duels, force coups de poings, et de coups de