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moment même où elle allait expirer de misère ainsi que son enfant. Que fera-t-il ? Lui-même ne possède rien. Son premier mouvement est d’aller se proposer à un recruteur, et de porter aussitôt à sa malheureuse famille le prix de sa liberté ; mais il ne peut réussir dans ce noble projet. Le hasard le conduit près d’un hôtel dont il a autrefois connu le propriétaire ; il y entre pour y implorer quelques secours qu’il ne peut obtenir. Un moment il reste seul ; une bague de peu de valeur est sous ses yeux : la prendra-t-il ? Il hésite ; mais Manette meurt de faim. Il emporte la bague, et va l’engager au Mont-de-Piété. Son espoir est de la retirer bientôt ; mais son vol a été découvert, il est arrêté, jugé, condamné aux galères pour trois ans. Ces trois années cruelles s’écoulent lentement au milieu des bandits de toute espèce. Enfin, il recouvre sa liberté ; mais un barbare préjugé le repousse partout. Après bien des aventures funestes qu’il faut lire dans le roman même, la victime des trop rigoureuses lois et des préjugés meurt sur un échafaud.

LETTRES DE SOSHÈNE À SOPHIE, in-18, 1821. — Ce roman a beaucoup d’analogie avec la Nouvelle Héloïse, et plaira aux personnes qui ont l’imagination exaltée ; mais la plupart des lecteurs pourront bien trouver que quelques-unes des peintures sont un peu trop voluptueuses.

CONTES DU VIEIL ERMITE DE LA VALLÉE DE VAUXBUIN, 3 vol. in-12, 1821. — Intérêt dans le récit, charme dans le style, véritable philosophie, morale douce et touchante, telles sont les qualités de cet enfant des loisirs de l’ancien solitaire de Vauxbuin. Parmi les contes que renferme ce recueil, nous citerons particulièrement : les Si et les Mais ; Bacthiar, ou les Méprises de l’amour-propre ; Nicolas Flamel ; Timon et Azoline, ou Entretien d’un misanthrope et d’une danseuse de l’Opéra ; Amour, jeunesse et vanité ; le Vizir Alokin et son moineau ; le Souvenir de Mme  Henriette d’Angleterre, ou Mon 31 décembre.

Nous connaissons encore de cet auteur : Jocko, anecdote détachée des Lettres inédites sur l’instinct des animaux, in-12, 1821. — Albérie et Sélénie, in-18, 1827. — Mémoires et Souvenirs, in-8, 1834 (ouvrage posthume).

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POULLAIN DE SAINT-FOIX (G.-F.),
né à Rennes en 1698, mort le 25 août 1776.


*LETTRES D’UNE TURQUE À PARIS, écrites à sa sœur au sérail, avec les lettres de Nedim Goggia, in-12, 1730. — Ces lettres sont un cadre élégant, où l’ingénieux écrivain a su enchâsser une satire fine des mœurs du temps, et une critique de quelques préjugés,