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PITRE-CHEVALIER.


DONATIEN, in-8, 1838. — Simonne Plouarzec, la plus belle fille de Piriac, a été nommée rosière, et elle va désigner elle-même celui qu’elle a choisi pour époux. Simonne donne son anneau à Kornic, son fiancé d’amour, le plus honnête et le plus beau des marins de Piriac. Tous les habitants du village applaudirent à cette union, excepté la Divroëte (la sorcière bretonne), qui appela le malheur sur le jeune couple pour venger l’amour dédaigné de son fils. Malgré les souhaits de la sorcière, Simonne et Kornic étaient les époux les plus fortunés, seulement plusieurs années s’étaient écoulées et ils n’avaient pas d’enfants ; Kornic, pour se distraire de ce chagrin, partit pour un voyage au long cours. Le départ fut triste, car l’absence devait être longue ; mais quelle douce consolation eût éprouvée Kornic s’il eût pu savoir qu’un enfant lui était survenu dans les adieux ! Après dix-huit mois d’absence, Kornic revint, et vous jugez quelle fut la joie du retour, maintenant qu’il y avait dans le berceau de la maison de Simonne une belle petite fille qui souriait à son père. Pendant que Kornic s’abandonnait aux douces joies de la paternité, la vieille sorcière lui cria du dehors : « Ta fille ! mais en es-tu sûr ? » Kornic n’ajoutait pas foi à cette révélation infernale, mais il doutait, et le doute seul est un tourment. La Divroëte ne se contenta pas de l’abandonner aux soupçons, elle lui affirma que l’enfant n’était pas de lui, mais de Donatien, cet ami de la famille qui demeurait dans la maison de Simonne, auquel Simonne avait donné un médaillon en gage de sa foi. Kornic au désespoir se rend au phare du Four, dont Donatien avait demandé la garde ; il accuse son ancien ami d’avoir séduit sa femme ; Donatien jure que Simonne est innocente ; mais Kornic lui demande le médaillon et va pour le chercher dans sa poitrine ; Donatien résiste, se penche sur la balustrade et tombe dans la mer. Kornic n’a pas le médaillon, mais il l’a touché ; plus de doute, Simonne est coupable. Le lendemain de cette scène, Kornic retourne au village et entre dans la maisons de sa femme qu’il trouve en pleurs ; il lui reproche son crime, refuse de l’entendre, et la fait sortir devant la maison, où tous les habitants du village étaient rassemblés. Là, il déclare Simonne adultère et la maudit ; personne ne devra plus lui adresser la parole ni la recevoir sous son toit. Le peuple ratifie ce jugement, et Simonne est impitoyablement chassée du village avec son enfant. Et pourtant elle n’est pas coupable ; la faute qu’elle expie est celle de sa mère ; Simonne le sait, et elle accepte le châtiment et l’ignominie pour sauver l’honneur de sa mère, que tout le monde respecte et croit irréprochable. Séduite